Togo-Occupation anarchique des trottoirs : beaucoup de bruits pour rien ?

Les occupations anarchiques des emprises des routes restent d’actualité dans la capitale, Lomé. Ce qui semblait être un programme de dégagement de kiosques-conteneurs, d’expulsion de revendeurs installés sur les trottoirs, des boutiques dont les marchandises débordent sur la voie publique, a apparemment cessé dans la capitale togolaise. Le dégagement des voies avait pourtant débuté le 15 février 2023 dans le Grand Lomé par des activités de sensibilisation.

Août 16, 2023 - 16:55
Août 17, 2023 - 08:51
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Togo-Occupation anarchique des trottoirs : beaucoup de bruits pour rien ?
Des revendeurs installés sur les trottoirs

« Le désencombrement concerne toutes les voies, mais va débuter sur les grands axes pour finir sur les voies secondaires, dans les 117 Communes du Togo », avait indiqué à la mi-décembre 2022, le communiqué issu des échanges entre les ministres de l’administration territoriale, de l’environnement, des Travaux publics, de la communication et des représentants des communes et des directeurs de plusieurs structures étatiques. 

Dans de nombreux quartiers du centre de la capitale, des barraques, kiosques, boutiques, cabanes, maquis, bars/buvettes avaient été enlevés ou démolis par leurs propriétaires, pour respecter les recommandations du ministre de l’administration territoriale sur l’occupation anarchique des emprises des routes. 

D’autres commerçants avaient reçu des préavis leur demandant de déguerpir des emprises ferroviaires (Tokoin, Klikamé, Adidogomé, Amadahomé, etc.) et des ruelles, sous un mois au plus tard. Mais de nos jours, les concernés sont encore sur place, dans l’attente de "trouver d’autres possibilités pour s’installer". Ce sont des détenteurs de bars et ceux qui continuent de vendre leurs marchandises dans les ruelles.

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Les communes impuissantes ?

Le désordre est tel, qu’il est difficile de circuler aujourd’hui sur certaines artères de quelques marchés. A "Gbossimé", dans la commune Golfe 3, notamment la rue qui le traverse à l’Est, les revendeuses occupent bien les trottoirs, tout comme les voitures privées en stationnement, conducteurs de taxis-autos et taxis-motos. Automobilistes, motocyclistes et piétons et les vendeurs ambulants... se frayent difficilement un chemin, surtout aux heures de pointe.  

Au niveau du petit marché de Hanoukopé, plus bas au Sud, dans la commune de Golfe 4, la gymnastique est la même. Les commerçants ont déserté les hangars dédiés pour envahir les trottoirs, pour s’installer aux abords de la voie principale qui se rétrécie, causant l’engorgement de la route. Le même constat se fait au marché d’Agoe-Assiyéyé, dans la commune Agoenyivé 1 et aux alentours du grand marché de Hédzranawoé, dans la commune Golfe 2. Commerçants, portefaix, gérants de cabines téléphoniques, conducteurs de pousse-pousse, transporteurs, coiffeuses sans ateliers etc., occupent illégalement les trottoirs. Chassés à plusieurs reprises, ces occupants se réinstallent avec leurs étals aussitôt après le départ des agents municipaux des mairies qui semblent être dépassés par l’ampleur de la situation.  

"La mairie nous a ordonné de quitter les lieux, mais il n’y a plus de places au sein du marché. Il faut que les agents de la mairie viennent nous disposer auprès de nos consœurs sur place et ainsi on peut s’arranger", disent nombre de revendeuses en mauvaise posture. Elles souhaitent "occuper provisoirement" les trottoirs, en attendant une "nouvelle trouvaille", explique Akakpo Adjélé, commerçante de vivriers à Hédzranawoé. Non loin d’elle, d'autres commerçants squattent sur une partie de la chaussée, prêts à retirer précipitamment leurs marchandises, à l’arrivée des agents.

Ce jeu de cache-cache avec les agents municipaux ou forces de l’ordre perdure dans plusieurs communes. Beaucoup d’observateurs estiment qu’il n’y a "pas de rigueur de la part des maires" qui, selon eux, "sont pour le moment souples dans l’application stricte des dispositions dans leurs circonscriptions électorales, dans la perspective des prochaines échéances électorales". 

Les élections législatives et régionales sont pour très bientôt au Togo.  

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews