Insécurité alimentaire : près de 282 millions de personnes touchées dans le monde en 2023
L’insécurité alimentaire progresse gravement dans le monde, alertent seize organisations des Nations-unies et humanitaires pour qui cette situation, due aux conflits (en particulier à Gaza et au Soudan), aux crises climatiques extrêmes et aux chocs économiques, s'est aggravée dans le monde en 2023. Dans un rapport publié ce 24 avril 2024, ces organisations internationales font savoir que près de 282 millions de personnes ont nécessité une aide d'urgence sous l'effet des divers maux énumérés. Ce chiffre est en augmentation de 24 millions de personnes, en le comparant à celui de 2022 et les perspectives restent « sombres » pour l’année en cours, indique le rapport mondial annuel du Réseau d’information sur la sécurité alimentaire (FSIN), réalisé pour le Réseau mondial contre les crises alimentaires.
En 2023, plus de 281 millions de personnes, dans 59 pays, étaient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Le nombre de personnes menacées par la faim dans le monde n’a jamais été si élevé, selon l'Alliance des acteurs humanitaires et de développement des Nations unies qui précise que cette augmentation s'explique par une plus grande couverture analytique et par la détérioration de l'insécurité alimentaire dans certains pays, notamment les territoires touchés par les conflits. Au Soudan par exemple, 18 millions de personnes sont confrontées à une « insécurité alimentaire catastrophique ». L'Alliance indique également que l’augmentation importante du nombre de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, confirme l’énormité du défi à relever pour atteindre l’objectif de mettre un terme à la faim d’ici 2030.
Quatre autres pays ayant le plus grand nombre de personnes confrontées à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, sont la RDC, le Nigeria, l'Afghanistan et l'Éthiopie. La Palestine, le Sud-Soudan, le Yémen, la Syrie et Haïti sont quant à eux touchés par des niveaux élevés de faim, selon le rapport de plusieurs organisations internationales (agences onusiennes, Union européenne, Agence des Etats-Unis pour le développement international…).
Situation d’insécurité alimentaire persistante à l’Est et à l’Ouest de l’Afrique
Alors qu’El Niño a atteint son apogée au début de cette année 2024, son impact sur les crises alimentaires - y compris les inondations et la sécheresse dans certaines parties de l’Afrique de l’est, et la sécheresse en Afrique australe - se manifestera probablement tout au long de l’année.
En Afrique de l’ouest et au Sahel, des conflits persistants associés à des chocs économiques devraient maintenir des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Les nouvelles données de mars 2024, montrent une détérioration de la situation dans un certain nombre de pays, notamment au Mali et au Burkina Faso, où des milliers de personnes devraient être confrontées à la famine.
Briser le cycle de la faim aiguë
Réagissant à la publication du rapport mondial des organisations onusiennes, le Secrétaire général de l'Onu, António Guterres, pointe : "le rapport sonne comme un catalogue des échecs de l’humanité", soulignant que "la crise alimentaire mondiale nécessite une réponse mondiale urgente. Les gouvernements doivent augmenter le financement pour éradiquer la faim, en mettant en œuvre les propositions de relance des Objectifs de développement durable". Et d’affirmer qu'avec un engagement et une action concertée, "nous pouvons créer un monde où la faim n’a plus de place".
D’après l'Onu, une action immédiate est nécessaire pour prévenir la famine pendant la période de soudure de 2024. "Il est absolument essentiel que, partout où il sera possible d’accéder aux populations, nous leur fournissions des intrants agricoles à temps pour qu’elles puissent planter leurs champs. Si ces personnes ne parviennent pas à planter leurs champs, cela signifie que nous devons nous préparer à des besoins massifs d’assistance alimentaire jusqu’à la récolte de l’année prochaine", insistent les Nations-unies.
Tout compte fait, les conflits et l’insécurité resteront le principal facteur d’insécurité alimentaire aiguë tout au long de l’année 2024, avertissent les instances onusiennes.
D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l’état d’insécurité alimentaire aiguë, survient lorsque la vie d'une personne est menacée à cause de son incapacité à consommer assez de nourriture. La famine est le plus haut stade d'insécurité alimentaire. "Si plus de 20 % des ménages ne peuvent pas se nourrir, que le taux de malnutrition dépasse les 30 % et que les décès se multiplient, on ne peut plus parler de situation d’'urgence’ humanitaire, mais de "famine", précise le mouvement mondial de personnes qui luttent contre les inégalités pour mettre fin à la pauvreté et aux injustices (Oxfam).