Togo : la tomate ne se transforme toujours pas dans les Savanes, malgré tout !
La surproduction de tomates dans la zone frontalière Nord-est de la région des Savanes ne permet pas l’écoulement normal de l’or rouge dans cette partie du Togo, a constaté Nzaranews. Tant les producteurs ont du mal à vendre leurs tomates sur leurs marchés locaux, contraints de céder à vil prix leurs marchandises. Sur place, les unités de transformation sensées combler quelque peu le déséquilibre de l'offre, sont à l’arrêt, n’étant pas en mesure de se ravitailler, faute de fonds.
"Les unités de transformation de tomates de la région ne sont pas fonctionnelles à plein temps, à cause des problèmes de fonds de roulement, si bien que nos activités sont sporadiques", précisent des sources proches des trois unités implantées et liées à l’ONG, Recherche appui et formation aux initiatives d’autopromotion (RAFIA) à Dapaong, et dans les Centrales d’autopromotion paysannes (CAP) de Kpong et de Tidonti, localisées au Nord et à l’Est du chef-lieu de la préfecture de Tône).
Les trois unités de transformation de tomates sont à l’arrêt, a constaté Nzaranews qui a pu recueillir des informations, selon lesquelles "les équipes de gestion ont également failli à leur mission de bonne gouvernance, et tout a cessé ; même tout le matériel roulant devant accompagner les activités des usines".
Les installations techniques des unités de transformation sont perceptibles, mais sont à l’arrêt sur les vieux sites, à Dapaong et dans les villages précités. "Personne ne comprend quoi que ce soit dans cette situation déplorable", regrette K. Jonas, cadre de la région qui pointe : "ces unités de transformation de tomates auraient pu absorber une bonne partie des productions des paysans qui bradent aujourd’hui leurs productions, parce qu’ils n’ont pas les moyens de les conserver".
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Quelques initiatives locales de conservation
Pour sauver leurs activités, certains hommes et femmes commerçantes se sont lancés dans la transformation artisanale de la tomate, en purée. A Dapaong, elles sont nombreuses ces femmes membres de groupements qui s'activent dans cette activité.
Certaines femmes interrogées par Nzaranews, indiquent qu’"il faut tout simplement bouillir la tomate et l'embouteiller. Et pour d'autres, il suffit de couper la tomate en petites tranches et les introduire dans des bouteilles, puis les fermer hermétiquement. La conservation de ce produit peut faire une année", disent-elles tout en reconnaissant que "les dures réalités du marché de la tomate".
Obligés de vendre à bas prix
En dehors de la forte production, les tomates ont mûri en même temps dans la même période, dans les différents bas-fonds. A cet égard, les producteurs ont choisi de vendre sur place leurs tomates directement aux acheteurs locaux, aux intermédiaires ou aux rares commerçants.tes qui arrivent d’ailleurs. Ils ne peuvent pas supporter les frais de transport les amenant vers les marchés centraux des préfectures environnantes, et ne gagneraient rien à la vente.
Les excédents de production ont donc conduit à l'encombrement du marché, à la chute des prix. "Nous donnons le sac à 1 000 FCFA, mais souvent à 750 francs en dernier ressort, sur des exigences des acheteurs qui arrivent prudemment, à cause des questions sécuritaires. "Nos grands clients qui viennent du Bénin, Ghana et du Sud-Togo sont rares maintenant", indique L. Soibé
Les paniers de tomates vendus par le passé à 30-50 000 FCFA sont descendus jusqu’à 1 500, 3 000 ou au plus 5 000 FCFA. "Cela fait pitié", déplore au micro de Nzaranews, un technicien agricole du milieu qui se réfère aux actions du gouvernement d’il y a quelques années où "l’Etat togolais, à travers le ministère de l’agriculture, en partenariat avec des structures publiques et privées, avait acheté une cargaison de neuf (09) tonnes de tomates pour que les producteurs des régions Maritime et Savanes ne perdent pas leurs récoltes".