Afrique de l’Ouest : la gestion de la transhumance reste d’actualité
La cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, devient de plus en plus difficile dans les Etats de la sous-région ouest-africaine, où les conflits locaux et même transfrontaliers s’accentuent. La 38ème réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) qui a clôturé ses travaux le 09 décembre 2022, dans la capitale togolaise, recherche des solutions à la problématique.
Les conflits entre paysans et éleveurs sont très fréquents et parfois meurtriers dans nombre de pays sur le continent, dont le Togo. Ils sont liés à la présence dans des zones culturales de nombreux éleveurs, et aux heurts que cette omniprésence entraîne, à la suite des dégâts commis par leur cheptel dans les champs de cultures des paysans autochtones. Et, sur cette question spécifique, les experts du RPCA réunis à Lomé, ont conclu que pour résoudre à long terme les conflits entre éleveurs et agriculteurs, « il est urgent de s'attaquer à leurs véritables causes, notamment les problèmes liés à la terre et à l'eau, à la gestion des zones rurales et au changement climatique ».
Des alternatives pour conjurer les situations
« Avec tous les problèmes d’insécurité aujourd’hui, il faut arriver à bien organiser la transhumance, ce qui sera une bonne opportunité pour les populations locales d’éviter des incidents », dit un expert sahélien, tandis qu’au Bénin « des mesures très fermes sont prises, gelant/interdisant la transhumance transfrontalière, tout en expérimentant un projet de sédentarisation des troupeaux d’éleveurs ; à l’interne même, la transhumance est sérieusement régulée pour éviter/prévenir les conflits ».
Si l’on estime que l’existence de l’un devra profiter à l’autre, les agriculteurs et éleveurs de l’espace CEDEAO sont donc condamnés à vivre ensemble. Mais ce n’est pas encore le cas au sein de la communauté, malgré les différents mécanismes au niveau des Etats membres. Alors pour parvenir à cet idéal, des propositions sont faites. « Nous avions proposé d’identifier les transhumants et leurs troupeaux, et leurs points d’entrée contrôlés avant de les installer dans un endroit où il ne devrait pas avoir de conflit entre eux et les agriculteurs ».
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Des initiatives pour la prévention des conflits
A l’instar de quelques pays de la sous-région, le Togo prend davantage de dispositions pour limiter les conflits entre transhumants et populations autochtones. En plus de la mise en place de couloirs de circulation des zones de stationnement de bétail, le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et du Développement rural sensibilise depuis quelques semaines les autorités locales et acteurs du secteur agricole des préfectures du pays, sur les dispositions pratiques de gestion des troupeaux bovins dans l’approche Zones aménagées pour la production bovine (ZAPB). Les dirigeants togolais entendent ainsi informer ces acteurs de la disponibilité des espaces pâturables et de gestion des bovins.
Les ZAPB sont de vastes espaces d’une superficie minimale de 500 hectares aménagés, avec des infrastructures pastorales nécessaires (approvisionnement en eau, infirmerie, cultures fourragères, marché à bétail), pour accueillir les animaux locaux en pâturage et les transhumants. Elles permettent de regrouper les animaux à ces endroits précis, et faciliter leur contrôle.