Agriculture : des mobilisations tous azimuts contre des décisions nationales en Europe

Désespérés et très mécontents, les agriculteurs européens crient leur colère, en Roumanie, Espagne, Pologne, Slovaquie, Hongrie, Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne. Ils manifestent par milliers depuis quelques semaines, motivés par un certain nombre de mesures qu’ils ne supportent pas. Les contestataires veulent des "réponses concrètes" qui modifient leur quotidien.

Janvier 23, 2024 - 06:10
Janvier 23, 2024 - 06:09
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Agriculture : des mobilisations tous azimuts contre des décisions nationales en Europe
Des agriculteurs mécontents paralysent les routes

Les revendications sont nombreuses. Agriculteurs, éleveurs, producteurs de lait dénoncent des normes environnementales trop contraignantes. Mais aussi une hausse des charges, l’interdiction de pesticides autorisés ailleurs et la concurrence déloyale d’autres pays. Les motifs de colère sont multiples. 

En Pologne, en Roumanie, en Slovaquie ou en Hongrie, des producteurs se sont élevés à plusieurs reprises contre l'afflux de blé et d'autres denrées alimentaires en provenance d'Ukraine, exemptée de droits de douane depuis la guerre avec la Russie.

En France, des agriculteurs crient leur ras-le-bol face à l’augmentation des normes et contraintes qui leur sont imposées et leur mauvaise rémunération. Ils organisent depuis le 16 janvier 2024, le blocus d’autoroutes. Le mécontentement sur plusieurs sujets s'est traduit fin 2023 par quelques manifestations locales et le retournement de panneaux d'entrée de ville. Un point de contentieux, la hausse de taxes sur les pesticides et l'irrigation, a finalement été abandonné par le gouvernement.

Les agriculteurs allemands, eux, sont contre la politique agricole du gouvernement fédéral qui a décidé, à la suite d'un rappel à l'ordre des juges constitutionnels sur les règles budgétaires, de réduire les subventions au secteur sur le gazole et les véhicules agricoles. Si le gouvernement a finalement étalé la suppression de l'avantage fiscal sur le gazole jusqu'en 2026, au lieu de le supprimer d'un coup, et maintenu celui sur les véhicules, il est loin de convaincre les agriculteurs, qui continuent de hausser le ton depuis le 10 janvier 2024, avec notamment des convois de tracteurs, bloquant des entrées d’autoroutes dans toute l’Allemagne.  

Aux Pays-Bas, un parti d'agriculteurs s'oppose à un plan visant à limiter les émissions d'azote, via notamment la réduction du cheptel.

Les mêmes ferments !

Tous les mouvements ont presque les mêmes germes. Pour plusieurs syndicats, "l'incompréhension grandissante entre la réalité de la pratique du métier d'agriculteur sur le terrain et les décisions administratives centralisées, qu'elles soient à Bruxelles ou dans les capitales européennes, créent une incompréhension majeure et finalement une sorte de révolte".

"Les contestataires ont le sentiment de se faire imposer des mesures trop drastiques", affirme pour sa part, Christiane Lambert, présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (Copa). Tous dénoncent le « Pacte vert européen », connu sous le nom de « Green Deal ». Ce plan prône la transition écologique des États membres de l’UE, fixe des objectifs de réduction d’usage des pesticides, de développement de l’agriculture biologique et de protection de la biodiversité.

Or ce « Pacte vert européen » intervient dans un contexte déjà tendu pour les agriculteurs, bousculés par des événements climatiques extrêmes, la flambée de leurs coûts de production et les conséquences commerciales de la guerre en Ukraine.

Avec dailymotion, France 24 et LeHuffPost

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews