Togo : la tumultueuse sortie des producteurs de soja

Les producteurs de soja ne voient rien venir dans la campagne de commercialisation 2022-2023. Les uns parlent de "désordre" sur le terrain, d’autres de "trahison", parce qu’ils se retrouvent avec des stocks récoltés, sous les bras. Et ils l’ont exprimé bruyamment le 31 mai 2023, au siège du Conseil interprofessionnel de la filière soja (CIFS), a constaté Nzaranews.

Juin 5, 2023 - 16:10
Juin 5, 2023 - 16:05
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Togo : la tumultueuse sortie des producteurs de soja
Une vue des producteurs de soja

Bien nombreux sont ces producteurs, acheteurs/agrégateurs et transformateurs de soja des cinq régions économiques du pays qui étaient représentés au siège du CFS, très mécontents du "refus manifeste" d’achat de leurs productions. Ibrahim Lare, Secrétaire Général de la Fédération nationale des coopératives productrices du soja (FNCPS) et les siens ne comprennent pas pourquoi ils n’arrivent pas à écouler leurs produits, alors que "promesse" leur avait été faite par la Plateforme d’Adétikopé (PIA). 

"De grandes quantités de soja sont encore dans des stocks ; les promesses ne sont pas tenues quant à l’achat de nos produits ; nous n’avons pas d’argent pour honorer nos crédits auprès des banques et autres structures de microfinances", disent-ils avant de préciser : "Nous avons beaucoup de difficultés et nous sommes venus voir le CIFS pour essayer de trouver des solutions à la vente de nos produits". 

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Les plaignants disposeraient encore de près de 80 000 tonnes de soja dans leurs magasins et foyers. Ils menacent d’arrêter la production pour la campagne agricole à venir, s’ils ne peuvent pas écouler leurs produits. 

La PIA pointée du doigt

La Plateforme industrielle d’Adetikopé (PIA) est désignée comme étant à l’origine de la situation qui "décourage" les producteurs. Plusieurs producteurs, rencontrés par Nzaranews, disent que la PIA "refuse d’acheter le soja des producteurs nationaux pour s’approvisionner plutôt ailleurs"

Pour Novissi Tewou, représentant des producteurs de la région des Plateaux, "la PIA suscitait beaucoup d’espoir, parce que nous croyions vendre. Mais avec cette campagne 2022-2023, on s’est rendu compte que le partenariat tant annoncé n’est pas une réalité. De plus, nos quantités de semences certifiées n’ont pas été vendues, parce que la PIA ne les a pas prises"

La "mauvaise campagne" revendiquée par les producteurs de soja est très ressentie par les acteurs qui estiment que leurs productions n’ont pas été achetées "comme promis", relève Daloli Mimbouab, productrice de soja à Nyamassila (Région des Plateaux).

Pas la PIA uniquement !

Pendant que le Conseil interprofessionnel de la filière soja (CIFS) tente de trouver des alternatives aux problèmes des producteurs, il y a un autre aspect relevant des difficultés que rencontrent les producteurs, du fait que, selon des observateurs, "des agrégateurs et commerçants avaient au début acheté au prix fort le soja qu’ils ont stocké, comptant le revendre encore plus cher, avant que les prix ne chutent un peu plus tard. Ces stocks leur sont restés sous les bras, sans qu’ils puissent être achetés aux prix souhaité"

"Beaucoup de commerçants, agrégateur et même des producteurs disposent encore des stocks dans leurs magasins", signalent d’autres acteurs de la filière. 

C’est vraiment compliqué pour eux !

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews