Agriculture : les débats sur l’usage du glyphosate continuent !

L’utilisation du glyphosate, substance active de plusieurs herbicides, est devenue un problème universel qui resurgit régulièrement dans l’actualité agricole et environnementale. Comme un serpent de mer ! D’aucuns pensaient que ce puissant herbicide controversé, finira par être interdit comme s’y étaient engagés plusieurs pays. Mais il n’en est rien. Le 13 octobre 2023, les 27 états membres de l’Union européenne n’ont toujours pas réussit à s’entendre sur la question, lors d’un vote.

Octobre 24, 2023 - 10:54
Octobre 24, 2023 - 16:40
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Agriculture : les débats sur l’usage du glyphosate continuent !
Boîte de glyphosate et un pulvérisateur de pesticide

La rencontre de Bruxelles, intervenait après la proposition polémique de reconduire pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne. La France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique avaient choisi de s’abstenir sur la proposition. Un choix qui a permis de bloquer le texte pour l'instant, faute d'accord.  

Un nouveau vote aura lieu ce mois de novembre 2023, pour déterminer le sort du glyphosate le plus utilisé dans le monde par les agriculteurs et le plus controversé. L'autorisation de cet herbicide arrive à son terme le 15 décembre 2023.

La "nocivité" du glyphosate reste d’actualité

Malgré la dangerosité du glyphosate, les agriculteurs de tous les continents continuent de désherber leurs champs, en utilisant la molécule pour assurer leurs récoltes, faute d’alternatives agissantes. Tant, il leur est impossible de se priver totalement du puissant herbicide qui reste pour eux un "complément efficace". Car l'herbicide leur permet de se débarrasser des herbes indésirables sur le long terme et pour un coût moindre. Alors que des environnementalistes et autres activistes tirent la sonnette d'alarme sur la ''dangerosité du glyphosate'', largement utilisé dans l’agriculture en Afrique.  

Le Togo a interdit depuis décembre 2019, « l'importation, la commercialisation et l'utilisation du Glyphosate et tout produit le contenant ». Cette disposition devrait être respectée en ce moment. Tandis que d’autres pays du continent prétextent qu’ils n’utilisent pas assez le glyphosate comme ceux qui sont industrialisés, assurant qu’ils sont respectueux de l’environnement.

Des vues divergentes sur les effets du glyphosate

De nombreuses études ont été publiées ces dernières années, mais le débat de la dangerosité du glyphosate se poursuit de nos jours. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a classé l'herbicide comme un "cancérogène probable" pour les humains. L'agence avait pointé que des "études de cas-témoins d'exposition professionnelle conduites en Suède, aux États-Unis et au Canada ont montré des risques accrus" de cancer du sang. Des preuves "limitées", a reconnu l'OMS, mais jugées suffisantes par les experts pour alerter sur l'effet cancérigène du glyphosate chez l'humain.

En juillet 2023, une étude publiée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) est venue provoquer la polémique. Elle "n'identifie pas de domaine de préoccupation critique" du glyphosate chez les humains, les animaux et l'environnement. Le document relève cependant "un risque élevé à long terme chez les mammifères" pour la moitié des usages proposés, et reconnaît que le manque de données empêche toute analyse définitive.

Avant l’Efsa, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) avait jugé que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate - fabriqué et commercialisé dans le monde depuis 1974 - comme cancérogène.

Des pratiques vertueuses

Alors que les scientifiques ont été sollicités pour accélérer la recherche de produits alternatifs, de plus en plus d’agriculteurs tentent de réduire l’utilisation du glyphosate. Selon des chercheurs, "des producteurs qui ont renoncé aux produits chimiques, se sont convertis à l’agriculture biologique, en comptant sur des outils mécaniques pour désherber". Un procédé plus long et plus couteux qu’ils amortissent avec un "prix de vente plus élevé" de leurs productions.

Bien d’autres recherchent encore des techniques innovantes, et les plus convaincus croient que l’absence de recours au glyphosate, est avant tout un moyen pour eux de "protéger l’environnement".

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews