Mévente des produits fruitiers à Lomé

Mars 31, 2021 - 14:19
Novembre 19, 2021 - 11:14
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Mévente des produits fruitiers à Lomé
nzara dossiers

Recommandés pour leur apport en vitamines, minéraux, fibres, antioxydants et énergie, les fruits et les légumes au Togo ont connu ces dernières années, un bond quantitatif au niveau de la production et de la commercialisation. Ce succès est cependant couvert par des contraintes en matière d’approvisionnement. En effet, les revendeuses de fruits de tous bords (grossistes ou détaillants) peinent, non seulement à s’approvisionner, mais aussi à écouler leurs marchandises.

Le réaménagement de la route nationale 5 (RN5) qui dessert Lomé-Kpalimé (120 km) est l’une des causes principales identifiées par les revendeuses de fruits dont les étalages jouxtent ce tronçon. Ainsi, que ce soit dans les périphéries de Lomé comme Noépé, Aképé et Zanguéra, ou aux marchés aménagés dans certains quartiers de la ville comme Adidogomé, Atikoumé et Abové, le constat est le même : les travaux de réhabilitation de l’axe Lomé-Kpalimé prévus pour durer 36 mois, empiètent négativement sur les activités commerciales.

Trop de détours et de déviations sur l’axe Lomé-Kpalimé, avant de joindre les différentes localités d’approvisionnement. Le retour vers la capitale s’effectue dans les mêmes conditions. Les commerçantes s’approvisionnent désormais dans des conditions difficiles sur le terrain, avant de pouvoir acheter et revendre leurs produits, tant les transporteurs ont pratiquement doublé les frais de convoyage du fait des nombreuses déviations pas du tout idéales pour les véhicules qui peinent à joindre la capitale en aller-retour. L’état de la route est donc l’occasion propice aux transporteurs de réviser à la hausse les tarifs de convoyage. 

Cette situation entraîne de facto une mévente due à une augmentation des prix ou des valeurs des produits (fruits, et légumes).

Les revendeuses de la région maritime ne tirent pas leur épingle du jeu.

Les commerçantes en général et les revendeuses de produits fruitiers en particulier, sont profondément inquiètes. L’écoulement des produits ne se fait plus régulièrement, alors qu’ils doivent être vendus dans un délai court pour éviter qu’ils pourrissent, font observer les revendeuses.

\"Le marché s’anime, mais les clients estiment trop chers nos propositions\", affirment les mêmes revendeuses qui s’empressent d’ajouter que \"ces circonstances sont indépendantes\" de leur volonté, et que \"ce sont les tarifs de transports revus occasionnellement à la hausse par les chauffeurs qui entraine cette situation\".

Reconnue pour son volume en desserte et pour la diversité des produits fruitiers dont elle regorge sur le marché national, la région des Plateaux est l’un des points d’approvisionnement de certains grossistes et autres transporteurs de marchandises qui peinent à y accéder, de nos jours, à cause des déviations, de l’impraticabilité de la route et autres causes relevées par celles qui en ont fait, leurs principales sources de revenus.

Mme KONGA Akouvi, revendeuse d’ananas, de citrons, d’oranges, d’avocats et de certains légumes dans la localité de Badja (30 km au Nord-Ouest de Lomé) fait part des entraves qu’elle rencontre, ces derniers temps, dans l’exercice de ses activités commerciales en indexant deux facteurs : « A cause de la présence régulière des camion-bennes qui roulent à vive allure sur la route, les conducteurs de véhicules en commun et privés ont redoublé de vigilance. Ils ont du mal à circuler normalement et surtout, ils ne prennent plus de risque en s’arrêtant sur le bas-côté auprès de nos étalages pour acheter nos produits, comme ils le faisaient avant. Par ailleurs, les tarifs de transport des marchandises ont considérablement augmenté depuis le début de la crise sanitaire sans oublier la saison sèche qui est source de chaleur et donc, de pourrissement rapide des fruits. »

A ces complaintes exprimées également par les revendeuses grossistes de fruits du grand marché d’Adidogomé-Asiyéyé, s’ajoutent certaines contraintes d’ordre administratif et organisationnel. « Non seulement les commerçantes qui vendent en détail au bord de la chaussée et qui viennent s’approvisionner chez nous, n’arrivent plus à exposer leur étalage, puisque la route est en chantier, mais il faut tenir compte aussi du fait que l’ouverture tardive et la fermeture hâtive du marché par les agents en charge de son administration conduisent à la mévente qui est de plus en plus criarde. » confie Mme Justine AWLIZA.

Même si la construction d’une clôture autour du marché a pour avantage de sécuriser leurs marchandises, Mme EKLOU Thérèse, revendeuse d’avocats et de bananes plantains, trouve que c’est un facteur pénalisant parce que : « Les administrateurs du marché tardent à nous ouvrir les portails d’accès au marché. C’est entre 07h - 08 h qu’on nous permet d’y entrer. Pendant ce temps, les commerçantes de fruits arrivées tôt avant 05h et installées à l’extérieur du marché, ont déjà fait des affaires juteuses, et se moquent de nous autres qui devrions patienter avant d’accéder à l’enceinte. Ce n’est pas juste ! »

En tout état de cause, s’il est vrai que la filière fruits et légumes constitue l’une des filières agricoles ciblées par le Gouvernement, tant pour son importance dans la contribution à la sécurité nutritionnelle que par le potentiel qu’elle offre pour le développement de l’industrie agroalimentaire et l’amélioration de la balance commerciale dans le secteur agricole, il est grand temps que les acteurs de la filière se penchent sur le cas des commerçantes qui n’ont d’autre choix que de subir des pertes et de jeter leurs fruits détériorés.

Cela passe entre autres par le développement des infrastructures routières, la vulgarisation des techniques de conservation ainsi que la mise en place des unités de transformation agroalimentaire qui sont des axes à explorer davantage pour développer cette chaine de valeur.