Togo-Soja : de sérieuses préoccupations marquent la nouvelle campagne
Le Conseil interprofessionnel de la filière soja (Cifs-Togo) a incité, le 28 juin 2024 à Guérin-Kouka, préfecture de Dankpen (région de la Kara), les producteurs à augmenter significativement la production au cours de cette saison, 2024-2025, pour un rendement plus probant au Togo. Cette exhortation a été lancée dans un climat de recul observé lors de la dernière campagne commerciale de l’oléagineux. La nouvelle campagne nationale de production du soja est placée sous le thème « La mécanisation de la production du soja, facteur d’augmentation de la productivité ».
En présence des producteurs et transformateurs du soja, agrégateurs, commerçants, membres du Cifs-Togo et tous les acteurs de la filière, de toutes les régions du pays, le président du Conseil interprofessionnel, Komlan Kadzakadè Pussuwè, a exprimé la détermination de sa structure de maintenir le cap de la production, l'objectif étant d'atteindre ou de dépasser les niveaux actuels de production, en améliorant la qualité et l'efficacité des processus de culture et de transformation.
Le président du Cifs-Togo a passé en revue les difficultés rencontrées lors des dernières campagnes, exhortant les autorités à l’aider dans la résolution de ces "problèmes importants" qui accablent le secteur.
Les inquiétudes des producteurs
Selon diverses sources proches des acteurs impliqués dans la filière, les coûts de production du soja sont trop élevés et nombre de producteurs, transformateurs et commerçants de soja n’arrivent plus à s’en sortir. Ils seraient fortement endettés pour ne plus pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes.
Certains producteurs témoignent que depuis peu, la culture du soja pose de sérieux défis en matière de rentabilité. Leurs arguments relèvent qu’en examinant les coûts de production et les revenus générés, il leur apparaît clairement que le prix actuel de vente du soja ne leur permet pas de tirer de bénéfices substantiels. Ils admettent que "le prix du kilo à 300 FCFA, auquel cas, la culture du soja ne sera vraiment pas rentable pour nous. Et pour ne pas vendre à perte, nous souhaitons qu’il y ait ce prix fixe sur toute l'année pour la graine de soja comme pour le coton", désirent-ils.
Toutefois, en 2023, les producteurs ont été confrontés à une chute drastique des prix pour se retrouver à 200 FCFA/kg comme prix bord champ, pendant que le soja ne se vendait qu'à 250 FCFA au plus. Cette baisse inattendue avait suscité un tollé général dans les rangs des producteurs, mettant en difficulté toute la filière. Certains producteurs se sont retrouvés avec des milliers de tonnes de soja invendu.
La fluctuation des prix sur le marché international, combinée à une mauvaise gestion des stocks et à des pratiques agricoles parfois douteuses (vrai/faux-bio), a conduit à une chute des prix locaux.
Booster la production malgré tout !
Dans un communiqué daté du 13 juin 2024, le Cifs-Togo avait invité les acteurs à apporter « tous les appuis nécessaires aux producteurs, afin de booster la production », appelant toutes les familles de la filière qui font toutes face à la conjoncture des prix ces deux dernières années, « à la résistance des banques à accorder des crédits agricoles aux acteurs ».
Le Conseil interprofessionnel de la filière soja constate que « les producteurs sont laissés à eux-mêmes » et note aussi une « insuffisance des intrants (semences, biofertilisants, inoculum, etc.) sur le terrain ». À cet effet, il demande à tous les acteurs de poursuivre l’accompagnement des producteurs, en mettant à leur disposition des appuis, notamment, les machines agricoles, les semences, les appuis financiers si possibles pour booster la production.
Le soja est aujourd'hui l'une des cultures les plus importantes au Togo. Sa production nationale inférieure à 40 000 tonnes en 2018 s’évalue de nos jours à quelques 260 200 tonnes.