Togo-SMIG : des agripreneurs se prononcent sur le SMAG

Depuis le 1er janvier 2023, le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), est passé de 35 000 à 52 500 FCFA au Togo. Les ouvriers des entreprises en lien avec des végétaux ou des animaux se demandent si leurs employeurs se conformeront au salaire minimum agricole garanti (SMAG).

Janvier 6, 2023 - 10:15
Janvier 6, 2023 - 10:54
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Togo-SMIG : des agripreneurs se prononcent sur le SMAG
Une distorsion pourrait naître entre entrepreneurs et ouvriers agricoles ?

En exprimant leurs inquiétudes légitimes, les ouvriers des fermes agricoles mettent en évidence les réalités de leurs employeurs qui peinaient déjà à honorer leurs engagements salariaux. Ils attendent de savoir les intentions de leurs "patrons", dirigeants pour la plupart d’entreprises "naissantes". Ces derniers dont les avis ont été recueillis par Nzaranews, font état de ce qu’une augmentation brusque de la charge salariale pourrait mettre en péril leurs projets. Tant les différentes charges étaient déjà difficiles à régler. 

"Pour qu'un entrepreneur agricole puisse vivre avec un salaire, il faut évidemment qu'il produise car il y a des charges fixes, assurance, semences, matériel... et autres. Tellement il y en a, que vous en tomberiez sur la tête", démontrent-ils.  

Les difficultés/préoccupations des employeurs

Dans les échanges, les entrepreneurs évoquent leurs difficultés financières. "Elles sont dues à la cherté des intrants, à la vente des produits transformés qui s’écoulent tant bien que mal, et aussi la malhonnêteté des ouvriers qui nous volent soit les matières premières, soit les produits finis".

"Je suis pour l'augmentation du SMIG. Mais pour le SMAG, l'État a fait une erreur. Car dans la plupart des cas, l'ouvrier est logé ; ailleurs, il a même l'électricité et l'eau ; dans d'autres cas, il est logé avec sa petite famille", relève un agripreneur qui estime "que les 17 500 FCFA supplémentaires ne serviront à rien, et ce supplément permettrait tout simplement à l’ouvrier de s’adonner à l’alcool".  

Pour un autre entrepreneur agricole des discussions préalables auraient pu se tenir avant toute décision salariale. "Nous ne demandons pas forcément qu'on n'augmente pas le SMAG. Mais s'il y avait eu des discussions avec le patronat agricole, il y aurait eu des négociations d’accompagnement, par subvention ou par des baisses d'impôts, etc…".


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D’autres employeurs souhaitent un "accompagnement du gouvernent vis-à-vis de leurs activités sinon la plupart d’entre nous mettront la clef sous la porte".  

Des opinions pas forcément partagées

Selon d’autres employeurs, "l’ouvrier ne doit pas être réduit à rien, même sans qualification". Ils considèrent que les 52 500f CFA à payer comme SMAG ne sont pas trop, estimant dans leurs argumentations que "les ouvriers ont aussi le droit de satisfaire leurs besoins, et méritent aussi le bien-être ; c’est grâce aux ouvriers que l’entreprise fait des recettes. Un ouvrier mal payé, en manque de l’essentiel vital, s’adonne au vol et pille l’entreprise", exposent-ils.

"Avec les 35 000 francs les ouvriers vont entreprendre dans notre entreprise, soit en prenant les matières premières ou les produits finis pour pouvoir joindre les deux bouts", renchérit un autre responsable d’entreprise de transformation pour qui, "l’ouvrier se ferait plus d’argent en douce, ce qui nuirait à l’entreprise".

La promesse du gouvernement 

L’Etat jouera sa partition pour faciliter la tâche aux entreprises, promet Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du travail et du dialogue social. "Nous sommes conscients que même quand le SMIG était à 35 000 FCFA, il arrivait que les entreprises ne puissent pas les payer. Ayant fait débat, nous allons encourager les entreprises à respecter les lois et cet acte réglementaire que nous avons pris, c’est obligatoire", a-t-il laissé entendre, le 03 janvier 2023, sur une radio de la capitale.

La hausse de la charge salariale prescrite aux entreprises agricoles, fermes d’élevage ou d’unités de transformation de produits agricoles, occasionnera sans doute dans un avenir proche, une nouvelle augmentation des prix des produits agricoles.