Togo-Savanes : "une femme de ménage, un baobab"

L’avenir du baobab dans la région des Savanes du Togo est menacé depuis plusieurs années. Comme partout ailleurs en Afrique, l’activité humaine doublée des effets capricieux du changement climatique, en sont les principales causes, menant vers une "disparition" de l’arbre mythique chargé d'histoires qu’est le baobab. Cet « arbre à palabres » aux nombreuses vertus, symbolise entre autres "la paix, la non-violence, la longévité" pour nombre de communautés de l’Ouest africain. L’ensemble de ses composantes est utilisé dans la médecine traditionnelle. Ses fruits riches en nutriments comme ses feuilles pourvues en fer, sont bien prisés par les femmes dans les ménages de très nombreux pays.

Juin 3, 2024 - 23:33
Juin 3, 2024 - 23:33
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Togo-Savanes : "une femme de ménage, un baobab"
Distribution de jeunes plants de baobab aux femmes

Dans la région des Savanes du Togo, la Cellule d’appui aux producteurs agricoles des Savanes (CAPAS), à travers sa Ferme agroécologique "Jéricho", s’est résolue à aider les communautés à promouvoir non seulement l’agroforesterie, mais aussi le reboisement pour répondre aux besoins des sols, avec également un accent sur des opérations de remises des jeunes plants de baobab aux populations. "Nous avons constaté que l’arbre caractéristique de la région des Savanes, est en voie de disparition pour des raisons de culture (spirituelles) ou mythiques; il devient de plus en plus rare parce qu’on a pendant longtemps cultivé dans les mentalités des habitants de la savane que c’est un arbre mystique et qu’on ne doit pas le planter et on ne doit pas le couper aussi pour le plaisir de couper, confie à Nzaranews Kolani Gangak, coordonnateur de la Capas, retenant plusieurs constats faits sur le terrain.

"Sachant que ses feuilles sont très riches en fer, les femmes se bousculent pour s’en procurer pour la cuisine au début de la période hivernale (mai-juin) auprès des marchandes de la région voisine de la Kara. Et la façon dont ces femmes se bousculent nous a interpellée ; nous avons ainsi lancé en 2021-2022, la campagne « une femme de ménage, un baobab », en mettant à la disposition de chacune des femmes de dix villages des cantons de Ogaro et de Pana (Bombengou, Tambimong, Kouampante, Kpendjaga, Galbagou, Botogbongbong, Tchidingue, Tabiele, Ganloré, Molbagou), un plant de baobab à planter au domicile".

Plusieurs familles ont acquis les techniques de plantation et d’entretien de ces arbres résistants.

En pleine réussite !

7 000 plants de baobab avaient été remis aux femmes. La même campagne a été élargie la saison suivante, en 2023 à sept autres villages des cantons de Pana et de Naki, dans la région de Kpendjal-Ouest. "Les résultats sont déjà disponibles, puisque c’est avec fierté que nous répondons aux ménagères qui nous invitent à aller constater la taille de leurs baobabs. Dans certains ménages, il arrive que trois ou quatre femmes s’associent pour collecter les feuilles de trois jeunes plants pour faire la sauce".

La valorisation de ses fruits (pulpe et graines) représente une source de revenus très importante et précieuse pour beaucoup de ménages/familles qui produisent de jus divers.  

Des témoignages indiquent que les feuilles du baobab, en dehors de la cuisine, servent à faire des dons lors des cérémonies funéraires. Plusieurs milieux traditionnels vénèrent l’arbre dont on dit qu’il "protège les villages contre les mauvais esprits".

Pour Kolani Gangak la stratégie « une femme de ménage, un baobab », est aussi une manière de créer des forêts éparses. "Parce que lorsque les arbres vont commencer à évoluer véritablement, il y aura une zone géographique concentrant des baobabs", assure-t-il.

Selon les spécialistes, le baobab est un arbre à croissance lente qui peut vivre jusqu’à 2 000 ans et qui fleurit parfois au bout de plusieurs dizaines d'années. Il peut atteindre jusqu’à 30 mètres de haut et jusqu’à 10 mètres de circonférence. Il existe plusieurs espèces de baobabs dans le monde.

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews