Togo : réussir l’élevage porcin semi-intensif

Juin 2, 2021 - 13:29
Novembre 23, 2021 - 15:20
 1
Togo : réussir l’élevage porcin semi-intensif

Au Togo, l’élevage joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire et l’autosuffisance en produits carnés d’une importante partie de la population. Il contribue à 17 % au Produit Intérieur Brut Agricole (PIBA).

A l’instar des moutons, des chèvres et des volailles, le porc est un animal à croissance rapide et fait partie des animaux d’élevage à cycle court. De plus, en ce qui concerne l’élevage traditionnel (habituellement pratiqué), les investissements sont minimes, tant au niveau de l’entretien, des soins que de l’alimentation.

Le porc local noir et le porc de Dapaong sont les races locales que l’on trouve au Togo. La Large White, la Land Race, le Piétrain, le Berkshire constituent les races importées d’Europe. Ces dernières sont prolifiques et peuvent donner jusqu’à douze (12) porcelets, voire plus en une seule mise-bas tandis que les locales ne donnent qu’une dizaine de petits par portée. Des croisements sont effectués entre ces deux types de race afin de permettre une meilleure productivité.

Pour pratiquer l’élevage de porcs, l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) recommande le choix d’un verrat de race améliorée (Large White ou Landrace) performant et des femelles de race locale qui disposent des deux rangées de mamelles. Il faut surtout éviter d’acheter les reproducteurs au marché, ils doivent être acquis dans un élevage bien suivi et respecter la proportion de 10 truies pour un verrat.

Les élevages semi-intensifs exploitent le Large White et le Landrace, parfois en croisement avec la race locale. Ils sont caractérisés par le maintien des animaux en enclos, une alimentation rationnelle, le contrôle des saillies et un suivi sanitaire. Ce mode d’élevage implique un accès régulier aux marchés d’intrants tant alimentaires que vétérinaires ainsi qu’un niveau minimum de formation de l’éleveur et une bonne gestion de son entreprise. Il nécessite de plus, pour sa création, un investissement relativement élevé. Pour ces raisons, ce type d’élevage est hors de portée du paysan ordinaire s’il n’est pas aidé.

En vue d’une gestion efficiente de la reproduction et la santé des porcs, la porcherie doit être répartie en plusieurs compartiments (boxes ou loges). Initialement, il est indiqué de disposer d’au moins quatre loges : pour le mâle, les femelles, les femelles allaitantes et les jeunes sevrés. La porcherie doit être facile d’accès et peut être construite avec des matériaux locaux (déchets de bois, planches, ...). De préférence, il faut construire des porcheries en banco pour les races locales, et en briques de ciment pour les métis ou les races améliorées. Dans les deux cas, il faut bien damer ou cimenter le sol. Il est conseillé de disposer d’une aire d’exercice où les animaux vont s’amuser.

La nourriture des porcs doit être composée de plusieurs aliments simples comme les céréales, les tubercules, les légumineuses, les sels minéraux et les vitamines. On peut aussi y ajouter les feuilles et tiges de certaines plantes telles que le panicum, le manioc, la patate douce, le papayer, le nénuphar, les légumes et les légumineuses. Cependant, il faut veiller à le leur donner avec modération (limite), elles ne doivent pas remplacer les aliments principaux. Les restes de cuisine peuvent servir à les nourrir également mais, il faut veiller à les bouillir pour éviter toute contamination.

L’eau est indispensable à l’élevage des porcs, elle doit être propre et distribuée à volonté dans une bassine ou un bac solide conçu à cet effet. Les abreuvoirs doivent être à l’ombre et bien entretenus. Il est généralement conseillé d’arroser les porcs avec de l’eau froide pendant les heures chaudes de la journée. Le manque d’eau au sein de la porcherie est très pénalisant.

L’élevage est une activité quotidienne qui requiert de l’assiduité. L’éleveur doit donc établir un emploi du temps pour ses occupations quotidiennes. Ainsi, chaque matin, il doit nettoyer les loges, contrôler le troupeau pour remarquer s’il y a des animaux malades et servir l’aliment. Un entretien régulier de la porcherie et une bonne alimentation diminuent de moitié les risques de maladies.

Eliminer les sources d’odeurs dans la porcherie

Différentes mouches sont présentes dans les porcheries. La mouche domestique est la plus répandue et pose le plus de problème. Les mouches causent des agitations chez les animaux, provoquant le cannibalisme, la réduction de l’alimentation, l’écrasement de porcelets. C’est aussi un grand vecteur de transmission de diverses maladies (entre autres, peste porcine et fièvre aphteuse) et de parasites. D’où l’intérêt de prendre des mesures pour éviter leur présence dans les porcheries.

De manière préventive, il faut éliminer les restes de nourriture et d’excréments, assurer une bonne aération permanente du bâtiment. Les mouches sont généralement attirées par les odeurs. De ce fait, le contrôle des mouches peut se faire par l’élimination des sources d’odeurs.

Pour éviter de se faire envahir par les mouches en porcherie, une lutte précoce et régulière s’impose.

Cela passe par le respect des mesures d’hygiène.

– Cimenter le sol de la porcherie si ça n’a pas été fait;

– Nettoyer et laver le sol à grand eau tous les jours;

– Bien gérer les déchets (purin);

– Nettoyer les animaux pour assurer une hygiène de la peau (eau+ savon+ désinfectant);

– Traiter immédiatement toute plaie (nettoyage + désinfectant tous les jours);

– Après lavage, utiliser le crésyl tout autour de la porcherie.

Les porcs sont exposés à plusieurs maladies dont la peste porcine africaine (PPA). Cette dernière représente une grande menace pour l’élevage du porc au Togo. Au cours de l’année 2020, le Togo a connu des cas de peste porcine africaine qui ont dévasté plusieurs élevages du pays. Pour une meilleure prise en charge des animaux malades, il est impératif de toujours faire appel à un vétérinaire ou à un agent d’élevage.

Adillah ALI Agroéconomiste, spécialisée en Management des entreprises agricoles