Togo : renforcer l’autonomisation de la femme et soutenir son leadership

Les femmes et les filles du monde entier sont honorées une fois encore ce 08 mars 2022, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme. « L'égalité des sexes aujourd'hui pour un avenir durable » est le thème choisi pour cette 37ème édition. L’opportunité est pour toutes les autorités du monde de continuer à réfléchir, échanger, se mobiliser davantage pour l'égalité entre les femmes et les hommes, pour ensuite faire le point sur ce qui a été réalisé, et ce qui reste à faire sur la question de la place des femmes dans la société. C'est également la possibilité de mettre en avant les initiatives, les innovations qui placent les femmes au cœur de la création ainsi que leur participation à la vie sociale, économique et politique. Pour le Secrétaire général de l’organisation des Nations Unies, António Guterres, « il est temps de faire avancer les choses pour toutes les femmes et toutes les filles ».

Mars 8, 2022 - 15:06
Mars 8, 2022 - 15:17
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Togo : renforcer l’autonomisation de la femme et soutenir son leadership
©FIDA, Egalité des sexes et autonomisation des femmes

« Environ 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas de l'égalité des chances économiques, et 178 économies maintiennent des obstacles juridiques qui empêchent leur pleine participation à la vie économique », indique un rapport de la Banque mondiale sur "Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2022". Selon le même document, « dans 86 économies, les femmes sont confrontées à une forme de restriction d’accès à l'emploi, et 95 autres ne garantissent pas un salaire égal pour un travail de valeur égale ».

En Afrique subsaharienne, le Bénin a supprimé les restrictions à l'emploi des femmes dans le secteur de la construction, de sorte qu'elles peuvent désormais occuper tous les emplois au même titre que les hommes.

L'Angola a adopté une loi criminalisant le harcèlement sexuel au travail.

Le Gabon se distingue, avec des réformes complètes de son code civil et la promulgation d'une loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Le Burundi a imposé une rémunération égale pour un travail de valeur égale, tandis que la Sierra Leone a facilité l'accès des femmes au crédit.

Le Togo a promulgué une nouvelle loi qui n'interdit plus le licenciement des salariées enceintes. Le président togolais, Faure Gnassingbé réitère, à l’occasion de la Journée internationale de la femme 2022 sa détermination et celle du gouvernement à « maintenir les efforts pour garantir aux femmes un environnement propice à leur plein épanouissement ».

Pour la Banque mondiale, « les gouvernements doivent accélérer le rythme des réformes législatives pour que les femmes puissent réaliser tout leur potentiel et qu’elles bénéficient pleinement et équitablement des fruits d’un développement vert, résilient et inclusif ».

 

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L'impliquations prononcée des femmes plus impliquées dans l’agriculture.

 

La structure de la population agricole par sexe pour beaucoup de pays subsahariens retient que les femmes sont beaucoup plus présentes dans le secteur agricole, et fortement représentées à tous les niveaux de la chaîne de production. Au Togo par exemple, les données du ministère de l’agriculture indiquent que 51,1 % des femmes travaillent dans le secteur agricole contre 48, 9,% d’hommes. Ces femmes s’occupent essentiellement de la production vivrière. « Derrière cette implication active dans la chaîne de valeur agricole, la femme paysanne est celle qui bénéficie le moins des moyens pour la production », avait déploré Kayi Aguey-Wognon, directrice des ressources humaines au ministère de l'agriculture lors d’une réunion à Lomé.

Il y a donc cette nécessité d’accompagner davantage les femmes pour que leurs efforts soutiennent effectivement le développement de l’économie familiale, afin de lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans le pays. Les femmes des régions rurales togolaises forment souvent des coopératives au sein desquelles les membres pratiquent le maraichage, cultivent le soja et autres… céréales qui leur rapportent rapidement de l’argent. Il urge de soutenir leur travail.

Selon les prévisions de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « si les agricultrices avaient un accès égal aux ressources productives, le rendement de leurs exploitations augmenterait de 20 à 30 %. Cela permettrait de fournir suffisamment de nourriture pour éviter que 100 à 150 millions de personnes ne souffrent de la faim, réduisant ainsi la faim dans le monde de 12 à 17 % ».

 

Les effets des changements climatiques et les femmes

 

Le thème de la Journée internationale de la femme 2022 rappelle aussi que les femmes et les filles sont les premières à subir les effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement. Elles subissent les plus forts impacts de la crise climatique, car celle-ci amplifie les inégalités existantes entre les sexes, mettant ainsi la vie et les moyens de subsistance des femmes en danger.

Les changements climatiques enregistrés pendant la dernière saison agricole au Togo ont démontré largement que les femmes dépendent davantage des ressources naturelles, bien que l'accès à celles-ci soit moindre. Elles n’ont pas pu par exemple, récolter ou accéder régulièrement au soja qu’elles exploitaient pour produire du fromage, des galettes, du lait ou de la bouillie pour leurs activités génératrices de revenus. Ces femmes et filles, en tant que travailleuses agricoles et personnes principalement en charge des achats, ressentent aujourd’hui les contrecoups des sombres périodes de précipitations irrégulières et de sécheresse, travaillant plus durement pour assurer les revenus et les ressources de leurs familles.

 

Autonomiser les femmes

 

Le faible niveau de diversification et de développement des activités de contre-saison dans le système agraire, crée d’énormes manques à gagner dans l’économie rurale. C’est pourquoi les femmes sont amenées à adopter des stratégies de survie caractérisées par la surexploitation des ressources forestières tirées de la production du charbon de bois et du bois de chauffe. Il faut dans ce cas diversifier les productions, garantissant ainsi une optimisation des revenus pour les femmes. La participation active de femmes, spécialement en collectifs formalisés, a toujours été un facteur de succès des projets mis en œuvre.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « 55 pour cent de l’amélioration de la sécurité alimentaire obtenue au cours de ces dernières décennies dans les pays en développement est attribuable à des programmes favorisant l’autonomisation des femmes ».

 

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Soutenir le leadership féminin  

 

Pour cette Journée internationale des femmes 2022, l'accent est mis sur le financement de solutions climatiques équitables pour les sexes, afin qu'il soit possible de renforcer le leadership des femmes et des filles dans l'économie verte, et la résilience face aux impacts et aux catastrophes climatiques. Que ce soit au niveau national ou au niveau communautaire, « la représentation et le leadership des femmes semblent être à l’origine de meilleurs résultats environnementaux », soulignent des experts pour qui « la participation des femmes à la gestion des ressources naturelles conduit à une gouvernance plus équitable et plus inclusive des ressources et à de meilleurs résultats en matière de conservation. Et lorsque les programmes climatiques communautaires incluent pleinement les femmes, ils ont tendance à être plus efficaces et efficients dans l’utilisation des ressources ».

La collaboration des gouvernements avec les organisations féminines, peut contribuer à assurer que les politiques climatiques répondent aux besoins spécifiques des femmes et des filles, et que ces politiques soient effectivement mises en œuvre. Donner à ce "partenariat" les moyens d’agir est donc essentiel pour renforcer la résilience climatique au niveau local.

L’inégalité entre les sexes et la crise climatique sont deux des défis les plus urgents qui doivent être relevés aujourd’hui. Il est temps d’agir maintenant pour trouver des solutions.

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews