Togo: l'or des femmes

La récolte des fruits de karité, l’extraction et la production du beurre sont principalement effectuées par des femmes issues des zones rurales.

Septembre 9, 2020 - 06:20
Novembre 19, 2021 - 10:24
 0
Togo: l'or des femmes
Nzara-L'or des femmes-2

Le karité, également appelé « l’arbre à beurre » ou « l’or des femmes », est un arbre qui pousse dans la savane en Afrique de l’Ouest et centrale dont les amandes des noix sont utilisées pour fabriquer le beurre de karité. Il faut souligner qu’il est aussi présent dans le nord-Togo mais en disparition pour plusieurs raisons dont les feux de brousse et la fabrication du charbon de bois.

Le fruit du karité est charnu, comestible et renferme une, voire deux amandes dures. Chaque amande contient une matière grasse dont on extrait le beurre. Dans les pays de l’Afrique de l’ouest, ce beurre est utilisé pour l’alimentation, la santé et la beauté (soin de la peau et des cheveux, contre les conditions climatiques et le vieillissement, la sécheresse ; fabrication du savon, …).

La demande du marché européen et international en amandes de karité augmente fortement et se ressent sur les marchés locaux ouest-africains. Des centaines de milliers de villages interviennent dans l’industrie mondiale du karité, ce qui a un impact sur l’économie, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation des communautés.

La récolte des fruits, l’extraction et la production du beurre de karité sont principalement effectuées par des femmes issues des zones rurales dont elles améliorent la situation économique, ce qui a donné au karité son surnom de « l’or des femmes ». Cependant, la filière internationale du karité est, de façon générale, contrôlée essentiellement par les hommes. Néanmoins, nous avons l’exemple de deux (2) femmes Nanipo et Mery, très actives dans la filière de leurs milieux respectifs.

La première, habitante du village de Djangou (6 km à l’Est de Dapaong) récupère d’abord les fruits dans les champs de son époux, la partie charnue est consommée par la famille, surtout les enfants. Ensuite, les noix sont débarrassées de leur coque et les amandes sont séchées, enfin elles sont vendues au kilogramme à des commerçants(es). Cette activité lui permet de subvenir à ses besoins et participer aux dépenses du ménage.

Quant à Mery, elle achète d’abord les amandes séchées au marché de son village, Korbongou (12 km de Dapaong). Ensuite elles sont pilées puis séchées encore, avant d’être torréfiées et écrasées au moulin. Enfin la pâte obtenue est pétrie jusqu’à l’extraction du beurre brute qui est porté à cuisson puis la préparation est refroidie et renversée dans des boîtes pour la commercialisation. La vente du beurre de karité constitue une importante source de revenus pour sa famille.

Il faut noter que la pulpe, de couleur jaune, qui entoure l’amande est riche en vitamine C et très nutritive ; elle peut être mangée quand sa peau est encore verte. Hormis les amandes des noix, le fruit du karité est sous exploité en raison du fait que d’importantes quantités de pulpes pourrissent car elles ne sont pas consommées. La conservation ou la transformation devraient être envisagées pour que le fruit puisse être disponible toute l’année.

Adillah ALI Agroéconomiste, spécialisée en Management des entreprises agricoles