Togo : les éléphants sont de retour dans l’Est de la région des Savanes !

Un troupeau d’une soixantaine d’éléphants a été localisé hier à Korbongou dans le Nord-est de la région des Savanes, a appris Nzaranews. Les pachydermes ont été aperçus dans le nouveau camp du canton de Sanfatoute. Une équipe de forestiers suivrait leur progression.

Fevrier 10, 2023 - 10:10
Fevrier 16, 2023 - 12:08
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Togo : les éléphants sont de retour dans l’Est de la région des Savanes !
Un troupeau d'éléphants observé dans les Savanes (©MERF Togo)

"Alerte et prudence sur le tronçon Momba-Yemboate". Les populations riveraines ont été averties de la présence d’un grand nombre d'éléphants dans les zones de Korbongou. « Il y a eu un premier troupeau de 20 et ensuite d'une quarantaine ; puis une soixantaine !!! » s’exclament les témoins.  

Les uns parlent d’une "bonne nouvelle pour notre faune et l’écotourisme" tandis que d’autres assimilent l’événement à "de grosses bénédictions", parce que disent-ils, « on recherchait même les empreintes d’éléphants, dans un passé récent sans les retrouver ».

Un cadre forestier se dit aux Anges, lorsqu’il s’éclate : « une très, très bonne nouvelle », selon lui, indiquant : « après des milliards investis depuis 1994 à travers plusieurs projets dont le dernier est le Projet de renforcement du rôle de conservation du système national d’aires protégées au Togo (PRAPT) financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Gouvernement togolais, je crois que c'est une des rares fois qu'on revoit un tel nombre ».

 Un passage programmé ?

Cette transhumance d’éléphants paraitrait logique. D’après des spécialistes, " ils ont leurs couloirs et des périodes de migration et ont la tendance à toujours les pratiquer de génération en génération. Mais les menaces humaines les obligent parfois à migrer temporairement ". Comme pour indiquer que les éléphants retrouvent toujours leurs lieux de résidence.

Pour certains commentateurs, « les braconniers et les terroristes qui squatteraient leur habitat du moment (le complexe d’aires protégées W-ArlyPenjari) et qui trafiquent tout, y compris l'ivoire, ne sont certainement pas étrangers à ce mouvement inédit des éléphants ».

Il faut rappeler que le complexe W-Arly-Pendjari (WAP) (Burkina, Benin, Niger) et les aires protégées du complexe Oti-Kéran-Mandouri (OKM) au Togo sont des composantes importantes d'un corridor de migration trans-frontalier des éléphants et d'autres grands mammifères et que le complexe OKM était relié au complexe WAP jusqu’à la crise socio-politique qui a démarré en 1990.

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Il est bien connu que les populations d'éléphants du Togo sont concentrées dans les deux tiers Nord du pays, et toujours en relation avec une zone protégée (parc national, réserve, forêt classée).

"Avoir des éléphants est une mine d'or dès lors que l'Etat protège la zone contre les braconniers", disent des observateurs économiques. 

 Des menaces redoutées !

Sur place, dans les environs de Korbongou, nombre de personnes appellent à une Union de prières pour leurs parents, se référant aux divagations d’antan des éléphants qui vivent en bandes dans la Savane, causant des dégâts sur leurs passages ou semant la désolation après avoir détruit plusieurs cultures de maïs, mil et même vidant des greniers dans des villages. "Leurs sorties inopinées dépassent souvent les limites qui leur sont offertes, et causent toujours des dommages importants sur des hectares de superficies agricoles", fait savoir un responsable coutumier de la région de Mandouri (Nord-est de la région des Savanes).

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L'avenir reste cependant dans l’intégration de ces populations d’éléphants aux populations et dans les mesures de protection de la nature liées au développement économique du pays. On éviterait ainsi d’éventuels massacres des populations environnantes des parcs, réserves et autres…

Le parc Malfakassa (308 km au nord de Lomé, dans la région Centrale) a été témoin d’un drame le 29 mai 2022. Un officier des Eaux et forêts avait été tué par un troupeau d’éléphants alors qu’il coordonnait une équipe qui faisait l’inventaire forestier.

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews