Togo : le soja, source d’opportunité des femmes

La consommation du soja et ses produits dérivés connaît de nos jours un essor considérable sur le plan national.

Octobre 4, 2021 - 20:00
Novembre 10, 2021 - 14:58
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Togo : le soja, source d’opportunité des femmes
Mme AGBOVI Grace

En effet, à Tsévié, une localité située à 35 km de la capitale Lomé, une dame a particulièrement attiré notre attention, grâce à son commerce de brochettes de soja.

Un héritage familial

Si le destin forçait certaines personnes à se tourner vers d’autres vocations prédestinées, le cas de Madame AGBOVI Grace en est tout autre.

Tout était tracé pour elle, dès sa plus tendre enfance. Sa formation, elle l’a reçue auprès de sa grande sœur, qui était sa tutrice légale. Cette dernière lui appris tous les rouages de la transformation du soja en fromage et en brochette.

Elle déclara : « dans ma famille maternelle, la majorité des femmes s’adonne au commerce du soja, et je ne me vois pas faire autre chose que cela. C’est un héritage que je dois pérenniser également ».

Une fois adulte et mariée, la jeune Grace débuta à son tour le commerce. Elle prêta main forte à son époux afin de faire face aux besoins du foyer.

Mais jusque-là, le commerce de la bonne dame était à l’état embryonnaire et peinait à prendre un bon envol.

 Pour elle, il fallait trouver des solutions idoines, de peur de remballer ses casseroles ainsi que ses ustensiles et faire une croix sur son commerce.

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Une lueur d’espoir

Cinq (5) ans plus tard, après maintes tentatives elle a pu bénéficier d’un prêt, grâce à une microfinance basée à Tsévié. Un prêt qui lui permit de payer en quantité suffisante les graines de soja, d’acquérir les accessoires de qualité, ainsi qu’un petit moulin capable de moudre les graines.

Elle affirme : « malgré mon savoir- faire en la matière, les débuts n’ont pas du tout été faciles, je commençais vraiment à perdre espoir.  Mais grâce au prêt de la microfinance, je n’envie personne.  C’est un vrai soulagement d’être à l’abri du besoin ».

Considérée comme un vrai pilier au sein de sa famille, Madame AGBOVI Grace, s’occupe dorénavant de ses enfants, de son époux, et apporte du peu de ses expériences à la jeunesse qui y vient pour des formations ou quelques fois sollicite son aide.

Ainsi, le petit commerce de transformation de soja en brochette de Madame AGBOVI, devient l’entreprise AMENUVEVE qui se retrouve avec un chiffre d’affaires journalier de plus de 100.000 F CFA (152,67€) soit un montant de 3.000 000 F CFA (4580,15€) le mois.

Confiante, elle se taille une place sur le marché du soja, et jouit d’un carnet d’adresse de plus en plus garni, comptant entre autres, plusieurs commandes.    

C'est de bonne guerre qu’elle ait une grande renommée grâce à son commerce, non seulement dans la localité de Tsévié, mais également dans certains points focaux de la capitale Lomé.

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La préparation proprement dite

Aliment moins cher et de grande valeur nutritionnelle de par sa teneur élevée en protéine, vitamines, et en sels minéraux, le fromage ou la brochette de soja est une denrée qui peut remplacer le lait ou la viande, selon les nutritionnistes.

Selon Madame AGBOVI Grace, plusieurs étapes sont importantes afin d’obtenir un fromage de soja de bonne qualité. Ainsi pour débuter, il faudrait vanner, choisir, et trier les graines de soja, puis après tremper ces graines dans de l’eau propre régulièrement renouvelée. Ensuite, les écraser au moulin pour en faire une pâte. Le processus suivant est de placer la pâte dans un saladier, et y ajoutez de l'eau. Après, il faudrait tamiser pour extraire le lait de soja, le cuire en prélevant le fromage.

Cette préparation inclut également l’utilisation des arômes, des additifs et une quantité d’eau nécessaire pour le mélange. Après cela, on coupe en lamelle les fromages qu’on fait frire dans de l’huile végétale.

Et enfin, on assaisonne ces fromages frits de piment, de persils, de tomates, d’huile, et d’oignons, qu’on place sur de petites baguettes en bois, qui deviennent des brochettes de soja, prêtes à être vendues et consommées par les connaisseurs en la matière.  

Ambitions et Perspectives

La prestation que fournit Madame AGBOVI Grace, à travers son commerce inclut la participation de plusieurs jeunes qui s’investissent au sein de l’entreprise AMENUVEVE.

Source d’employabilité, on décompte une dizaine de jeunes filles et jeunes hommes recrutés par la dame.

Kokoè, une jeune fille de 22 ans confie : « ici, mon rôle est de superviser les autres filles dans le processus de transformation du soja en fromage. Au début, mon ambition était d’ouvrir un atelier de coiffure. Faute de moyens, je suis venue travailler dans cette entreprise, afin de gagner un peu d’argent et réaliser mon rêve. Mais avec l’expérience que j’ai reçue ici, je crois que je vais me lancer plus tard dans le commerce de brochettes de soja, et m’imposer également ».

 En effet, même si l’entreprise s’en sort bien dorénavant, des défis restent encore à être relevés. La commerçante compte diversifier son commerce et gagner des marchés au-delà des frontières Togolaises. Elle n’aspire qu’à une seule ambition : ‘’ réunir la jeunesse autour d’un centre de formation international du soja, ainsi que ses dérivés et acquérir des machines sophistiquées afin de faciliter la tâche au cours de la transformation’’. Un défi certes, grand mais pas impossible.

Il faut noter que le soja occupe une place de choix dans la stratégie de relance de l'économie Togolaise qui priorise la production et la transformation des denrées alimentaires.

Aussi vu l'intérêt des consommateurs face à cette denrée, plusieurs actions sont menées afin de mieux redynamiser ce secteur fort porteur. Plus qu’une production, ce sont des débouchés qui peuvent être améliorés afin d’accéder à des marchés plus rémunérateurs, tant sur le plan national qu’international.

Et pour Madame AGBOVI Grace, ou d’autres entrepreneurs de la filière soja, l’aventure ne fait que commencer.  

Birénam KODO Journaliste Reporter d’images, Birénam KODO est une passionnée du monde des médias. Très minutieuse, elle s’intéresse particulièrement au secteur de l’agriculture, du développement durable, des industries culturelles, et à la protection des droits des enfants.