Togo : l’agrément de salut pour les acteurs de la filière soja ?

Septembre 22, 2021 - 18:13
Novembre 24, 2021 - 16:40
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Togo : l’agrément de salut pour les acteurs de la filière soja ?
Des agriculteurs dans une plantation de soja

Les Ministres togolais en charge du Commerce et de l'Agriculture ont publié le 12 septembre 2021, un communiqué dont le contenu contraint les acteurs de la filière soja conventionnel et biologique à respecter de nouvelles dispositions réglementaires, destinées à améliorer leurs performances. Deux arrêtés interministériels viennent de réglementer la commercialisation du soja graine et de ses produits dérivés au Togo, au grand plaisir des concernés.

L’on note que les nouvelles dispositions qui entrent en vigueur cette campagne 2021-2022, a fait l'objet de consensus entre les acteurs et les autorités, tel le développement de l’application de suivi des cargaisons de soja et la mise en place de postes de contrôle au niveau des ponts de Djéréhoué et de la douane de Lilikopé sont aussi à suivre scrupuleusement.

L’autre innovation est l’exercice de la profession d’acheteur ou d’exportateur de soja (conventionnel et biologique) et ses produits dérivés qui reste subordonné à l’obtention d’un agrément délivré par le secrétariat exécutif du Comité de coordination de la filière soja au Togo (CIFS-Togo), selon les conclusions des discussions.

Les nouvelles réglementations paraissent acceptables pour les divers acteurs qui  apprécient les mesures arrêtées par les autorités togolaises. « Tout cela nous fera prospérer », se plait à dire monsieur Djetbet, directeur de société agréée qui souligne qu’il y aura désormais de « l’ordre dans la commercialisation du soja ». Tandis que le président de l’Association Paysanne pour la Communication des Ruraux (APCR), Awossa Missih estime que c’est « l’occasion de connaitre véritablement ceux qui opèrent régulièrement dans la filière ; ce qui va pousser les uns et les autres à se mettre en règle pour se professionnaliser, au lieu de s’improviser acheteur à chaque saison, un peu partout dans les localités du pays ».

De son côté, Boniface Tchinliek, producteur de soja à Dapaong (région des Savanes) pointe le cas des petits producteurs qui disposent d’une marge de délai pour écouler leurs productions aux transformateurs du produit, et qui ont des besoins immédiats à satisfaire. « La femme par exemple arrive ainsi à satisfaire rapidement ses besoins, parce qu’elle a la possibilité de vendre quelques bols de soja transformés en moutarde, brochettes, lait et autres… aux consommateurs pour gagner rapidement de l’argent pour ses impératifs ».     

Bien d’autres directeurs de sociétés, acheteurs agréés et agrégateurs saluent les nouvelles dispositions mises en place par les autorités. « Elles nous ferons avancer », disent-ils, alors que certains expriment leurs appréhensions : « pourvu qu’il n’y ait pas de faux acheteurs agréés ».

Aujourd’hui, plusieurs sociétés locales et des privés favorisent la majeure partie du marché du soja dans les différentes régions du Togo. Certains parviennent à conclure des accords de financement avec des producteurs, parfois regroupés en coopératives, avant de se charger de l’enlèvement du produit pour l’exportation. Le pari de ces acteurs est de financer suffisamment pour gagner plus, à cause du renchérissement de la matière.

Au Togo, le secteur du soja, qu'il soit conventionnel ou biologique, observe depuis quelques années une embellie, du fait de l'attention particulière accordée par le gouvernement. Entre 2019 et 2020, la filière avait notamment généré près de 50 milliards de Francs CFA et contribué à faire du pays, le premier exportateur mondial de soja bio vers l’Union Européenne (UE), devant des pays comme la Chine et l’Inde.    

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews