Togo-Engrais : le moral en berne des producteurs dans les Savanes

Le démarrage de la saison agricole suit son cours normal dans presque toutes les localités régionales du Togo. Chaque producteur y va à sa manière, recherchant les intrants nécessaires tels l’engrais dont l’acquisition n’est pas aisée. D’où la déception de producteurs. « La pluie n’attend pas les signatures », entend-on comme cris de cœur de ces agriculteurs de la région des Savanes, déjà plongés dans la seule et unique saison des pluies qui régit la partie septentrionale du pays. Ils traduisent ainsi leurs préoccupations quant à la complexité d’acquisition de l’engrais auprès des services compétents locaux dans leurs régions. « Pour acheter de l’engrais, il faut aller remplir une fiche chez le chef du village qui transmettra aux Conseillers techniques en gestion des entreprises agricoles (CTGEA) de l’ICAT qui enverront à leur tour les fiches à leur Agence pour vérifier la superficie cultivable, avant de confirmer la commande à travers une liste envoyée aux magasiniers qui ne vous vendent que deux sacs ».

Juillet 4, 2022 - 08:12
Juillet 6, 2022 - 08:01
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Togo-Engrais : le moral en berne des producteurs dans les Savanes
L'acquisition des engrais n'est pas aisée

« La pluie n’attend pas les signatures », entend-on comme cris de cœur de ces agriculteurs de la région des Savanes, déjà plongés dans la seule et unique saison des pluies qui régit la partie septentrionale du pays. Ils traduisent ainsi leurs préoccupations quant à la complexité d’acquisition de l’engrais auprès des services compétents locaux dans leurs régions. « Pour acheter de l’engrais, il faut aller remplir une fiche chez le chef du village qui transmettra aux Conseillers techniques en gestion des entreprises agricoles (CTGEA) de l’ICAT qui enverront à leur tour les fiches à leur Agence pour vérifier la superficie cultivable, avant de confirmer la commande à travers une liste envoyée aux magasiniers qui ne vous vendent que deux sacs ».

L’itinéraire décrit par les paysans leur parait long et harassant. Le problème, d’après les acteurs est que « le magasinier vient avec une liste d’un nombre très limité d’à peine 10 personnes (qu’ils désignent comme des privilégiés), et une fois livré à ces personnes il ferme le magasin remplis d’engrais et abandonne la population sous le soleil ».

Pour certains, « le ministère de l’agriculture a mis en place des procédures qui ne répondent pas du tout aux besoins et à la réalité de la population à la base ». 

D’autres affirment que « c’est très difficile, voire impossible d’avoir de l’engrais à Dapaong si vous n’aviez personne bien placée ». La situation, selon les producteurs « nous pousse à courir de village en village pour tout simplement avoir l’engrais que nous voulons acheter avec notre propre argent ».

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Des approches de solution ?

Des producteurs avisés pensent « si l’engrais est devenu plus cher et disponible, il faut qu’on laisse libre cour aux paysans de l’acheter, parce que tous ces contours demandent quatre ou cinq signatures avant l’acquisition de la matière chimique ».

D’autres opinions souhaitent « que chacun aille acheter librement, au lieu d’arriver au magasin pour passer une heure, deux ou trois heures de temps avant de se faire signifier qu’on n’a droit qu’à deux sacs ».

Les sources proches du ministère de l’agriculture rappellent toutefois que des garde-fous avaient été mis en place, pour faire barrage à certains citoyens véreux qui se livrent à des spéculations et autres contrebandes d’engrais qu’ils achètent sous prétexte de les utiliser pour les cultures. « Ces citoyens en complicité avec certains agriculteurs font transiter des tonnes d’engrais achetées au Togo vers d’autres pays frontaliers », expliquent les mêmes sources.

Le ministère de l’agriculture avait mis en place une stratégie de contrôle, pour « éviter que ces trafics n’agissent négativement sur les pauvres paysans des différentes localités du Togo. Cette stratégie reste très efficace contre toutes les contrebandes et autres spéculations », assurent les milieux proches du ministère en charge de l’agriculture qui ne manquent pas de s’interroger : « pourquoi c’est à Dapaong qu’une telle situation se présente alors que la même stratégie a été mise en place dans toutes les régions du pays ? ».

En tout cas, "le désespoir" s’installe chez les producteurs, dans la région des Savanes, pendant que les pluies se régularisent. « La pluie n’attend pas les signatures », explosent certains agriculteurs qui souhaitent des « descentes inopinées sur le terrain » des autorités du Ministère de l’agriculture, de l'élevage et du développement rural (MAEDR) pour y faciliter l’accès à l’engrais.

« Le besoin est plus qu’urgent », lancent les producteurs agricoles pour qui « le protocole mis en place est un frein pour le Togo de demain ».

Le gouvernement a mis en place, pour la campagne 2022-2023, un total 82 000 tonnes d’engrais dont 43 de NPK et 39 d’urée, et 3 000 tonnes de semences certifiées pour la présente saison agricole. 

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews