Togo : côte en hausse pour les associations villageoises d’épargne et de crédit dans les Savanes

Des Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) ne manquent pas de réaliser des exploits dans les préfectures de l’Oti, de Borgou et de Kpendjal, situées dans la région des Savanes. L’installation de ces associations depuis trois ans par l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture (FAO), s’inscrit dans le cadre de l’aide aux populations sinistrées, suite aux inondations survenues en septembre 2018 dans la région. Le gouvernement togolais avait sollicité l’agence onusienne pour l’appuyer dans l’aide à lui accordée par l’Union européenne. L’initiative connait des succès.

Mai 25, 2022 - 11:46
Juin 1, 2022 - 10:55
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Togo : côte en hausse pour les associations villageoises d’épargne et de crédit dans les Savanes
Associations villageoise d'épargne (nzaranews)

Les activités des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) se déroulent en "cycles" d’une durée de neuf à douze mois, au bout de laquelle les épargnes accumulées sont reprises par les membres, proportionnellement au montant épargné par chacun. Le membre peut s’acheter cinq parts au plus. Cette démarche disciplinée offre des opportunités économiques aux femmes et aux hommes, à travers leurs micro-épargnes à partir desquels ils peuvent obtenir des prêts. La FAO s’était mise dans la noble tâches d’encadrement, avec l’étroite collaboration de la Croix-Rouge togolaise, chargée d’animer les Associations, de l’Institut de conseil et d’appui technique (ICAT)/région des Savanes et des Clubs d’écoute communautaire (CEC), créés dans les préfectures de Kpendjal et de l’Oti.

Illustration avec les regroupements mixtes

Les activités des associations villageoises d’épargne et de crédit constituent aujourd’hui un véritable levier pour l’autonomisation des deux sexes, dans les localités de Kpaporga, Tibendi, Mandouri et Mango. Des femmes et des hommes en nombre recommandé (25 membres) pour un cycle de neuf mois, se rassemblent pour des réunions hebdomadaires. Ils vont, dans une ambiance bonne enfant vers leurs lieux de rencontre, comme dans une salle de réunion, assis sur des bancs et des chaises amenés de leurs domiciles.

A la fin du mois de mars 2022, le nombre de membres est passé de 33 à 48 à Kpaporga (Borgou). Un règlement intérieur régit ces membres qui se rassemblent pour le partage d’idées. Laré Lardja, président de l’association "Lanniam" de Kpaporga fait remarquer : « nous discutons de nos problèmes, et à la fin de chaque rencontre chacun dépose dans la caisse 200 F CFA pour la part ou le nombre de part d’épargne choisi. Nul ne peut excéder les cinq parts », précise-t-il, ajoutant que « les intérêts enregistrés à la fin du cycle, au niveau de la caisse principale et de la caisse de solidarité (50 F CFA/personne), sont partagés entre les membres ». Les cotisations de la caisse de solidarité sont prévues pour soutenir des membres en difficulté.   

Garantie et autonomie de chaque membre

En cotisant, les membres des associations assurent leur avenir financier. « Il nous est difficile de garder l’argent avec nous-mêmes, et grâce à nos propres cotisations, nous avons la possibilité de faire de petits commerces, et de s’occuper de nos champs par l’achat de semences et d’intrants agricoles à l’arrivée de la saison des cultures », explique le sous-chef de Kpaporga, Walenga Feleli, résumant les arguments de tous les membres. Il ne manque pas de pointer la résolution d’un problème récurrent dans le milieu : « tous les foyers ou presque disposent désormais de latrines, grâce à la tontine. Le problème de défécation à l’air libre est en train d’être résolu totalement chez nous », se réjouit-il.

Hawa domiciliée à Mango est satisfaite de l’AVEC locale. Présente dans son groupe depuis son implantation il y a huit mois, elle affirme que « grâce à cette association, nous discutons de nos problèmes financiers, et nous nous prodiguons des conseils pour leur trouver des solutions. ».

AVEC, une assurance pour les membres 

L’épargne-crédit permet surtout aux femmes d’avoir des ressources suffisantes pour développer des activités génératrices de revenus (AGR) qui leur procurent aussi l’argent nécessaire pour l’éducation de leurs enfants, la production agricole, l’assistance en cas de maladie. Ces possibilités permettent à Yiyanou Gneme-Nana, secrétaire de l’Association de Mango qui reconnait que les cotisations ont un impact certain sur la vie des membres. « Lorsqu’il y a un cas de maladie ou des problèmes dans la famille, lorsqu’une femme accouche, etc., on fait souvent appel à la caisse du groupe pour une assistance », affirme-t-il.

Ces actions salvatrices ont des répercussions sur d’autres voisins. Tontongou N’Massa Lamine, président de l’AVEC-Mango (préfecture de l’Oti) révèle que depuis l’implantation de l’Association à Mango, « la solidarité entre les adhérents devient de plus en plus palpable. Ceux qui nous observaient commencent à frapper à nos portes », ironise-il.

D’autres associations seraient en train de se constituer, certainement à partir de témoignages reçus sur les idées et actions remarquables réalisées dans des localités. Les futurs regroupements et leurs membres devront s’inspirer des expériences de leurs "devanciers" pour améliorer tant soit peu leur vie sociale, requalifier l’habitat, faire émerger des pratiques économiques, grâce à la création d’une association d’épargne et de crédit. Comme pour renforcer leur résilience.

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Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews