Togo : attention aux spéculations désastreuses sur le prix des engrais !
Les cours des engrais flambent dans tous les pays du monde, sous l’effet du conflit russo-ukrainien. Si le ministère togolais de l’agriculture a promis une nouvelle fois la subvention du prix des engrais pour cette campagne 2022-2023, des informations non officielles circulent sur la toile, annonçant que le sac de la matière a atteint un niveau inédit de 30 000 F CFA, au lieu de 12 500 F CFA. Cette nouvelle ahurissante n’est pas encore confirmée.

Les investigations menées par "Nzaranews" concluent que les informations publiées sur le prix du sac de 50 kg d’engrais au Togo, ne proviennent pas de sources officielles. Personne, aucune structure, contactée dans toutes les cinq régions économiques du pays n’est en mesure de confirmer cette "hausse" sans précédent du coût du sac d’engrais. D’aucuns parlent de « pures spéculations », et des responsables relevant de groupements ou d’associations sont confus, ne sachant même pas « si les engrais sont déjà au rendez-vous » dans leurs localités pour cette nouvelle saison.
Le gouvernement avait annoncé le 24 mars 2022 qu’il prendra « dans la mesure du possible, des dispositions nécessaires pour atténuer les effets de la hausse des prix aux producteurs », se référant ainsi à sa feuille de route 2020-2025. Pour couvrir la totalité des besoins des producteurs agricoles, le gouvernement qui s’est engagé à subventionner comme d’habitude le prix des engrais avait argumenté « la commande d’une quantité considérable d’engrais ».
La crainte des uns et des autres
Pour l’heure, les engrais à vendre avec des subventions de l’Etat sont encore introuvables dans les endroits initialement prévus dans les régions, préfectures, cantons et villages du Togo, alors que les autorités avaient fait savoir que leur déploiement était déjà en cours sur le territoire national. « Ces engrais, ont-ils été effectivement convoyés vers les lieux habituels ? », s’interrogent les acteurs du monde agricole qui veulent dès à présent être « rassurés ». Ils craignent en effet des spéculations à la hausse (par des achats des engrais), pointant « les commerçants véreux » qui s’enrichissent à travers ces pratiques, et sont également « très inquiets des spéculations illicites », qui s'accompagnent, disent-ils, « de manœuvres destinées à fausser le jeu normal de l'offre et de la demande ».
Le gouvernement togolais a toujours manifesté sa détermination à mettre un terme au commerce illicite d’engrais, lorsqu’il dénonce « des réseaux informels d’importation d’engrais de qualités douteuses qui alimentent des circuits de distribution interdits sur le territoire togolais ».
Les autorités avaient, durant la campagne agricole 2021-2022, axé leur stratégie sur multiplication des points de distribution et la facilitation de l’accès aux intrants agricoles. Ainsi, plus de 80.100 tonnes d’engrais, (soit 52.400 tonnes de NPK15-15-15 et 27.700 tonnes d’urée 46% N) avaient été mobilisées et placées dans des magasins de proximité (cantonaux et villageois), pour « assurer un bon maillage du territoire ».
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Attention à la qualité des engrais !
Il est parfois déplorable de constater que des milliers de tonnes d’engrais illicites livrés aux producteurs agricoles ne sont pas de bonne qualité. Ces engrais sont vendus à des paysans/producteurs qui n’obtiennent pas la productivité visée. « La fausse publication en cours du prix du sac d’engrais n’en est-elle pas pour quelque chose ? », présument certains responsables de coopératives agricoles pour qui, « ces propagateurs de l’invraisemblable prépareraient plutôt l’opinion avant de proposer plus tard des prix de vente particuliers, c’est-à-dire en deçà de ceux répandus sur les réseaux sociaux ». Histoire de mieux vendre « leurs mauvais engrais », pensent-ils.
Afin d’éviter ces genres de situation, le ministère de l’agriculture et du développement rural conseille aux producteurs agricoles de se « prémunir de tout danger, et à collaborer avec les services officiels pour lutter efficacement contre la prolifération des réseaux de distribution d’engrais inadaptés ».
L’importation et la distribution d’engrais minéraux et organiques obéissent à une réglementation en vigueur dans l’espace CEDEAO. Notamment l’obligation de disposer d’un agrément professionnel avant toute activité de fabrication, d’importation, de conditionnement et de distribution des engrais.
Le secteur privé togolais est faiblement impliqué dans l’importation-distribution des engrais, par manque d´appui des banques et des institutions financières de place.