Togo: à l'école de l'agriculture!

Le Centre de formation rurale de Tami a pour mission de former les jeunes agriculteurs qui seront capables d’être aussi bien de bons professionnels que des animateurs ou leaders dans leur milieu.

Mai 25, 2020 - 15:08
Novembre 19, 2021 - 08:40
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Togo: à l'école de l'agriculture!
Jeune agricultrice

Créé en 1972 par les Frères des écoles chrétiennes (FEC), le Centre de formation rurale de Tami (CFRT), comme l’indique son nom, est situé dans le village de Tami, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Dapaong. Elle s’étend sur une superficie de 94 hectares et a pour mission de former les jeunes agriculteurs qui seront capables d’être aussi bien de bons professionnels que des animateurs ou leaders dans leur milieu.

En effet, Mgr Barthélémy Hanrion, Evêque du Diocèse de Dapaong à l’époque, a souhaité promouvoir la formation des jeunes ruraux en créant deux (2) centres après avoir remarqué que la population de son diocèse était composée majoritairement d’agriculteurs. Le premier, celui de Tami, suivi dix (10) ans plus tard, de celui d’Ogaro, situé à 45 km à l’Est de Dapaong.

Les jeunes agriculteurs sont logés dans le centre, avec femme et enfants, et sont initiés à des méthodes plus rationnelles de culture, l’amélioration de la productivité et l’autosuffisance alimentaire. Ils sont formés à la pratique de la culture attelée (utilisation de charrues et bœufs), à l’emploi des engrais naturels et des semences sélectionnées, à la gestion de leurs récoltes. Le centre abrite actuellement 18 familles, originaires pour la plupart des environs.

Ces jeunes reçoivent également des cours d’alphabétisation, de gestion de la vie en famille, de santé, d’agroécologie et d’agroforesterie. Leurs femmes sont formées en transformation des produits agricoles : fabrication de fromage de soja, moutarde, gâteaux et d’autres produits. Les cours sont donnés par des moniteurs, au nombre de onze, à ce jour. La formation dure généralement neuf (9) mois et lorsqu’elle se termine, ils repartent chez eux avec des équipements dont une charrue et deux (2) bœufs.

On y trouve des spéculations tels que le maïs, le mil, le sorgho, l’arachide, le sésame, le soja. Le maraichage est aussi pratiqué, le centre maraicher comporte des vergers de manguiers, orangers, papayers, bananiers et produit divers légumes et fruits dont la tomate, l’aubergine, le poivron, le piment, le chou, la laitue, la carotte. L’élevage est également présent avec les petits ruminants, les bœufs qui servent au labour, les volailles dont les pondeuses, les pintades, les canards. Le centre dispose de deux (2) poulaillers modernes, récemment installés, de 1000 pondeuses chacune.

Le centre pratique une agriculture pluviale mais le centre maraicher produit toute l’année grâce à l’irrigation des parcelles alimentées par un forage fonctionnant à l’aide d’un groupe électrogène et d’un dispositif d’énergie solaire. Pendant plusieurs années, les engrais chimiques et les pesticides ont été utilisés, respectivement, pour améliorer le rendement et lutter contre les nuisibles des cultures. Mais depuis quelques années, l’agriculture biologique a été adoptée.

Notons que le passage à la production biologique est très difficile, il en résulte de faibles rendements. Les résidus de récoltes servent au compostage et les déjections des animaux sont utilisés comme fumier. Les graines de neem sont broyées et utilisés dans la lutte contre les insectes ; le centre est ainsi parvenu à maîtriser les invasions de criquets. Les semences utilisées, proviennent de la sélection des semences paysannes ; cependant, l’irrégularité des pluies reste le défi majeur car ces semences ne sont pas adaptées à cette situation.

Le CFRT est soutenu financièrement par les dons des associations et des personnes vivant en France et en Espagne majoritairement. Depuis quelques années, les dirigeants ont envisagé de générer plus de revenus afin d’être moins dépendant des donateurs, à travers notamment la transformation et la commercialisation de certains produits agricoles. Auparavant, seuls les céréales et quelques légumes étaient mis sur le marché. Les produits de la transformation étaient des confitures de mangues, des conserves de tomates, du piment en poudre, uniquement destinés à l’autoconsommation.

Adillah ALI Agroéconomiste, spécialisée en Management des entreprises agricoles