Togo: à la rencontre d'une communauté peule dans les Savanes

Les enfants sont chargés de conduire les bœufs au pâturage, dans les bas-fonds du village, sous la surveillance des adultes.

Mai 28, 2020 - 09:12
Novembre 19, 2021 - 08:42
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Togo: à la rencontre d'une communauté peule dans les Savanes
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Issu d’une famille de bergers peulhs installés depuis plusieurs décennies dans le village de Kpadjou (banlieue de Dapaong), jacob Bargui âgé de 64 ans, pratique l’élevage des bœufs depuis sa tendre enfance. Outre cette activité qui est la principale, ce chef de famille est également agriculteur, il pratique la culture du maïs et du mil, destinée essentiellement à l’autoconsommation. L’élevage des petits ruminants et des volailles est aussi pratiqué dans la concession ; cependant, cette tâche est réservée aux femmes.

A ce jour, son troupeau compte 62 têtes de bœufs composé de taureaux, vaches et veaux ; les animaux sont généralement acquis par achat auprès d’autres éleveurs, mais certains lui ont été aussi confiés par les autres membres de la famille et des connaissances. Les enfants sont chargés de les conduire au pâturage dans les bas-fonds du village, sous la surveillance des adultes.

Par contre, les bœufs très âgés et ayant du mal à se déplacer sont nourris sur place avec des herbes, certaines feuilles et des graines de coton achetées auprès de l’usine d’égrenage de coton de la ville.

Cependant, le pâturage devient difficile car la végétation se fait rare à cause de la déforestation massive d’une part. D’autre part, les terres ont été vendues et les nouveaux propriétaires sont réticents, ils ne laissent pas passer les troupeaux et les bouviers sont obligés de les faire passer sur les routes causant des problèmes avec les autres usagers.

En saison sèche, les bergers sont confrontés à un problème d’eau car la plupart des cours et retenues d’eau sont secs, les maraîchers s’accaparent aussi du peu d’eau restant ; ils sont donc obligés de donner l’eau de puits ou forage aux animaux. Cette situation entraîne plusieurs conséquences dont la diminution de la production de lait.

Ce sont les enfants qui s’occupent de la traite du lait, ils en mettent de côté pour la consommation familiale et le reste est vendu sur place, les consommateurs viennent en chercher dans la concession. Contrairement aux autres femmes peules, celles-ci ne conservent pas le lait en le transformant en fromage car toute la production journalière, estimée à 10 litres en moyenne, est généralement écoulée à 400 FCFA le litre. Les rares fois où il en reste, le lait se caille et il est vendu le lendemain.

Un vétérinaire effectue régulièrement des visites pour vérifier l’état sanitaire des animaux et leur faire des soins si nécessaires. Les jeunes mâles sont souvent entraînés et vendus aux agriculteurs pour la culture attelée tandis que ceux qui sont plus âgés sont vendus aux commerçants ou directement aux bouchers pour l’abattage.

Il est à noter que les peulhs sont souvent en conflit avec les agriculteurs en périodes de cultures car les bœufs, lorsqu’ils ne sont pas bien surveillés, traversent les champs et piétinent les cultures. Heureusement, ces conflits sont réglés à la gendarmerie et le bouvier en faute dédommage le propriétaire du champ ravagé par ses animaux.

Une autre difficulté majeure à laquelle sont confrontés les bouviers est le vol répété des animaux qui survient généralement pendant la nuit, malgré la présence des chiens pour la garde.

Adillah ALI Agroéconomiste, spécialisée en Management des entreprises agricoles