Togo: M. Abdoulaye Tonga : « Les éleveurs transhumants sont des victimes collatérales des restrictions sanitaires ».

Les arrivées et les ventes ont diminué, surtout chez les transhumants qui n’ont pas pu vendre pendant leurs parcours habituels puisqu’ils sont des victimes collatérales des restrictions sanitaires en vigueur dans beaucoup de pays du continent.

Fevrier 25, 2021 - 15:07
Octobre 22, 2021 - 15:29
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Togo: M. Abdoulaye Tonga : « Les éleveurs transhumants sont des victimes collatérales des restrictions sanitaires ».

La Rédaction de Nzara news a tendu son micro à M. Abdoulaye TONGA, président des éleveurs de bétail de la région Maritime. Il nous livre quelques informations complémentaires relatives aux impacts de la crise sanitaire actuelle sur les activités de transhumance transfrontalière.

A combien estimez-vous le nombre de bœufs convoyés à Lomé ces dernières années

Il est difficile de compter avec précision le nombre de bœufs convoyés vers la capitale ces dernières années mais, je peux vous affirmer, en me basant sur les données recueillies auprès des transporteurs qui arrivent à Adétikopé et d’autres informations collectées auprès des transhumants et un peu partout dans la région maritime, que le total peut avoisiner 150 000 bœufs. Toutes ces têtes d’animaux servent généralement à la commercialisation dans les marchés, les hôtels, les chaînes de restauration alimentaire, à des occasions de rencontres familiales etc. En réalité, il y a beaucoup d’arrivées à Lomé que nous ne maitrisons pas, dans la mesure où il y a des vendeurs qui ne suivent pas nos consignes. Ils vendent à leur guise.

Quels sont les lieux de provenance des bœufs achetés à Lomé ? 

Les animaux proviennent du Nord-Togo (Cinkassé, Koundjoare, Sadori, Sagbiébou, Sanda-Kagbanda…), du Niger, du Mali, du Burkina, du Bénin, du Nigéria, du Tchad et lors des déplacements saisonniers. Je peux vous assurer qu’avant les restrictions de circulation transfrontalière, la plupart des éleveurs nomades traversaient normalement le Togo via le couloir de transhumance ainsi que l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest pour vendre et faire paitre leurs bétails.

En quoi les activités commerciales sont-elles affectées suite à la suspension de la transhumance ?

Les arrivées et les ventes ont diminué, surtout chez les transhumants qui n’ont pas pu vendre pendant leurs parcours habituels puisqu’ils sont des victimes collatérales des restrictions sanitaires en vigueur dans beaucoup de pays du continent. D’autres éleveurs ont pu, cependant, se débrouiller pour atteindre certaines régions comme celles Maritime et des Plateaux, dans les zones de Tabligbo, Avéta-Agomé, Avévé, le fleuve Mono, Agbélouvé, Notsé, Assahoun et la Vallée du Zio. Ils ont des astuces informelles pour traverser les régions.

Quel est l'impact de la situation sanitaire sur la transhumance depuis l'année dernière ?

Je ne peux encore rien vous dire sur ce plan puisque les estimations ne sont pas faites à ce jour. Ce dont je suis certain, c’est que pendant leurs déplacements saisonniers avec leurs troupeaux, les éleveurs se prémunissent contre les éventualités fâcheuses en s’équipant de médicaments et autres produits de nécessité. Ils savent observer et, au besoin, soigner leurs animaux, même s’il y a des cas qui les obligent à recourir à des pharmaciens-vétérinaires. Dans tous les cas, ils font de leur mieux pour le bien-être de leurs animaux.

N.B : M. Abdoulaye TONGA est également président de l’Association des Peuhls au Togo.

Propos retranscrits par la Rédaction