Togo: la commercialisation de la tomate fraiche en souffrance

Cette année, le bouclage récent de la région des Savanes pour raisons sanitaires a été un coup dur pour les producteurs et les commerçantes de ce fruit-légume aux atouts nutritionnels multiples. Ainsi, les prix de vente des paniers de tomates normalement fixés par les producteurs, ont été bradés par les grossistes

Mars 3, 2021 - 14:13
Novembre 19, 2021 - 11:06
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Togo: la commercialisation de la tomate fraiche en souffrance
Information de Nzara-Cameroun : Plan de relance de la filière tomate en difficulté-1

La région des Savanes est un bassin par excellence de production de la tomate. Selon les données d’une étude nationale sur la filière fruits et légumes (publiées en 2019), sur 13.328 tonnes de tomates produites à l’échelle nationale, la région des Savanes a fourni, à elle seule, 3.139 tonnes en 2017. 

La période de production court généralement de novembre à mars et fait l’objet de fortes spéculations de la part des grossistes de Lomé et du Bénin qui affluent vers la région pour se ravitailler auprès des maraîchers.

Cette année, le bouclage récent de la région des Savanes pour raisons sanitaires a été un coup dur pour les producteurs et les commerçantes de ce fruit-légume aux atouts nutritionnels multiples. Ainsi, les prix de vente des paniers de tomates normalement fixés par les producteurs, ont été bradés par les grossistes « A cause des restrictions sanitaires, elles achètent les grands et les petits paniers respectivement à 5.000 au lieu 15.000 frs et 3.000 au lieu de 8.000 F CFA. En réalité ces prix ne nous arrangent pas mais, nous sommes obligés de céder nos récoltes à contre-cœur sinon les tomates risquent de pourrir et de finir au dépotoir » se lamente un maraîcher du bas-fond de Kpong.

Après avoir eu vent de la perte d’importantes quantités de tomate faute de preneurs, lorsqu’il était en visite dans la région, le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé a recommandé aux forces armées de se ravitailler directement auprès des producteurs. Cette solution aléatoire a néanmoins permis l’achat de sept tonnes de tomates au prix de 100 frs le kilo. Les tomates stockées dans des chambres froides pourront être distribuées dans d’autres casernes au fur et à mesure que le besoin se fait sentir.

Au regard de ce qui précède, il se pose un sérieux défi de conservation et de transformation de la tomate à l’instar des autres spéculations de la filière fruits et légumes en général. C’est le lieu d’attirer l’attention des acteurs concernés afin d’encourager la création d’unités de transformation à grande échelle de la tomate pendant la période de récolte, afin de mettre fin à la mévente constatée de façon récurrente ces dernières années.

Hormis les emplois occasionnels que cela génèrerait, une politique de renforcement de la filière tomate aura le double avantage d’éviter les détériorations lors de la distribution estimées de 20 à 50% de la production totale et la disponibilité de ce fruit pendant la période de pénurie.

Les rares unités de transformation implantées sur le territoire ne disposant pas d’une grande capacité de production sont également confrontées au manque d’équipements qu’elles n’ont pas les moyens de s’offrir.

Adillah ALI Agroéconomiste, spécialisée en Management des entreprises agricoles