Fonds vert pour le climat : jusqu’où iront les promesses ?

Face à la hausse des températures mondiales, les dirigeants cherchent toujours à renforcer le soutien à l'action climatique. C’est ainsi que s’est tenue, les 03 et 04 novembre 2023 à Bonn, en Allemagne la troisième conférence de financement du Fonds vert pour le climat (Fvc). Au total, ce sont plus de 9,3 milliards de dollars qui ont été promis par 25 pays, pour aider les pays vulnérables à faire face au changement climatique. Mais il y a eu assez de critiques sur le manque d'empressement à répondre aux risques, a appris Nzaranews de sources proches de la réunion.

Novembre 6, 2023 - 09:44
Novembre 6, 2023 - 09:43
 0
Fonds vert pour le climat : jusqu’où iront les promesses ?
Les complications du changement climatique

La réunion était considérée comme celle de la dernière chance pour le comité du Fvc qui réunit 10 pays du Nord et 24 pays du Sud. Ceux-ci ont eu beaucoup de mal à s’entendre sur les contours du texte adopté. Le consensus n’a été atteint qu’à la toute dernière minute. Et pour Fanny Petibon, experte climat pour l'association CARE France, le texte final n’est pas assez contraignant. "Il n’y a aucune contrainte dans le texte pour que les pays développés contribuent financièrement à ce fonds alors que justement les parts des dommages proviennent de l’inaction climatique des pays développés en termes de réduction des émissions de gaz et de soutien aux pays du Sud ; ensuite aucun objectif financé n’apparait dans le texte, alors que les pays en développement demandaient un montant plancher de 100 milliards de dollars US d’ici 2030. Et c’est bien en dessous des besoins qui sont estimés à 580 milliards de dollars US".

Les trois-quarts des contributeurs ont augmenté leurs promesses de dons par rapport au cycle précédent, qui allait de 2020 à 2023, selon les documents publiés. C'est notamment le cas de la France, du Royaume-Uni, du Japon ou encore de l'Allemagne qui a promis une aide s'élevant à deux milliards d'euros. Tandis que d’autres, dont les États-Unis, ont annoncé qu'ils s'engageraient ultérieurement, au grand dam des ONG.  

Résultat en demi-teinte

Plusieurs experts et observateurs estiment que c’est un compromis "fragile" qui a été trouvé pour un futur « Fonds climat, pertes et dommages ». Mais le texte de recommandation sur ce Fonds doit encore être finalisé et approuvé, lors du sommet sur la COP28 à la fin du mois à Dubaï, aux Émirats arabes unis qui réunira cette fois les représentants de près de 200 pays signataires de la « Convention climat ».

Après l’échec des pourparlers en Égypte, il y a deux semaines, le texte adopté le 04 novembre 2023 à Bonn, ouvre la voie à un futur accord sur cette question cruciale de financement en faveur du climat. Le rôle de cette "manne économique" est de compenser les dégâts causés par le changement climatique dans le monde.

Au Togo, le besoin total de financement est estimé à 3,54 milliards de dollars US de 2020 à 2030, selon les Contributions Déterminées Nationales dont 1,54 pour l’adaptation, 1,10 pour l’atténuation, 0,5 pour le transfert de technologies et 0,4 pour le renforcement de capacités. Des chiffres susceptibles d’être revus à la hausse.

Selon le Fonds vert pour le climat, plus de trois milliards de dollars ont été déboursés à ce jour et plus de 12 milliards engagés. Mais ses ambitions sont plus grandes : il veut doper son capital, actuellement de 17 milliards de dollars, à 50 milliards d'ici 2030.

Faire payer les pays développés, principaux émetteurs historiques de gaz à effet de serre, pour l'adaptation des pays plus pauvres aux conséquences du changement climatique et leur transition vers une économie moins dépendante des fossiles, est l'un des sujets les plus inflammables des négociations climatiques. Et il sera encore au cœur de la COP28, à Dubaï à partir du 30 novembre 2023.

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews