FAO : proscrire le travail infantile dans l'agriculture en Afrique

Le sous-Directeur général et Représentant régional pour l'Afrique de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Abebe Haile-Gabriel, se prononce contre le travail des enfants dans le secteur agricole. C’est à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin de chaque année. Il met en évidence, à partir d’un nouveau rapport de l’organisation onusienne, le lien entre le changement climatique et le fléau du travail infantile, qui touche environ 160 millions d'enfants dans le monde.

Juin 12, 2023 - 10:00
Juin 12, 2023 - 09:58
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FAO : proscrire le travail infantile dans l'agriculture en Afrique
Des mesures fortes pour mettre fin à l'exploitation des enfants

Abebe Haile-Gabriel souligne que "l'agriculture africaine est l'épicentre de ce fléau", s’appuyant sur le rapport publié par la FAO qui a révélé, pour la première fois que la fréquence et l'intensité croissantes des phénomènes climatiques extrêmes obligent certains enfants à travailler plus intensément et plus longtemps dans l’agriculture. "Ces enfants travailleurs sont les victimes invisibles du changement climatique", dit-il. 

En Éthiopie, l'un des quatre pays analysés dans le cadre du rapport, les fortes pluies peuvent augmenter la fréquence et l'intensité du travail pour les garçons, parce que les ménages ruraux ont probablement besoin de main d'œuvre additionnelle pour le nettoyage et les réparations après de fortes pluies, et sont obligés de recourir à l'aide des enfants.

"Si les cas de chocs climatiques se multiplient, les enfants seront également amenés à travailler plus souvent et plus longtemps", note le sous-Directeur général et Représentant régional pour l'Afrique de la FAO, en insistant sur l’obligation de prévenir le travail des enfants dans l'agriculture en Afrique.  

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L'Afrique doit être au cœur du changement 

L'agriculture représente 82% de l'ensemble du travail des enfants sur le continent, selon des estimations de la FAO. La majorité des enfants qui y sont, travaillent sans rémunération au sein de la cellule familiale - ils aident la famille à joindre les deux bouts - et on les retrouve dans les secteurs de la production végétale, de l'élevage, de la sylviculture, de la pêche et de l'aquaculture, note l’organisation spécialisée des Nations unies. "Le travail des enfants les empêche d'aller à l'école et compromet leur développement ; il perpétue la pauvreté rurale. Il faut y mettre un terme", lance la FAO. 

Le constat est préoccupant, d’autant que l’on observe une hausse importante du nombre d’enfants de 5 à 11 ans qui travaillent. Et c'est donc dans ce secteur de l’agriculture que l'on décidera de mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes.  

Arrêter le travail des enfants dans le secteur agricole

La pauvreté, l’accès limité à une éducation de qualité, le difficile accès à la main-d’œuvre des adultes ainsi que les attitudes traditionnelles concernant la participation des enfants dans les activités agricoles, sont les principales causes du travail des enfants dans la culture sur le continent. Il est important de distinguer entre des tâches légères qui ne nuisent pas à l’enfant et le travail des enfants — qui interfère avec la scolarité obligatoire et qui peut mettre en danger la santé et le développement physique et mental de l’enfant — en fonction des heures et conditions de travail, de l’âge de l’enfant, des activités et des risques encourus. 

La participation à certaines activités agricoles doit donc être différenciée du travail des enfants. La FAO a élaboré à cette fin, un cadre qui constitue un guide pour les décideurs politiques. Elle a également publié le mécanisme pour la prévention du travail des enfants dans l’agriculture, qui catalysera des partenariats et des investissements visant à renforcer les communautés rurales et à offrir aux enfants ruraux un avenir meilleur.

Il faut agir !

Tout en menant des efforts internationaux pour l’élimination de la faim et la promotion de l’agriculture durable, l’organisation spécialisée des Nations unies ne cesse de mettre l’accent sur le renforcement des capacités d’un large éventail d’acteurs agricoles, afin d’accélérer les progrès en matière de prévention du travail des enfants et de promotion de l’emploi décent des jeunes. 

À cet effet, les États sont appelés prendre "des engagements concrets" pour renforcer les actions visant à éliminer le travail des enfants, avec l'aide des parties prenantes du secteur agricole. Les politiques de protection sociale, doivent être renforcées et inclusives, garantir aux ménages ruraux des revenus suffisants et l’accès aux services de base, afin d'atténuer la nécessité de faire travailler les enfants. 

Les politiques et les investissements gouvernementaux peuvent aider les familles rurales à mieux résister aux chocs liés au climat.

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews