Environnement : il faut sauver les pangolins massacrés pour leur mythe et leur chair
Le pangolin est le mammifère le plus braconné au monde et des régions de l'Afrique sont presque devenues des points névralgiques de son trafic. Les forêts d'Afrique centrale abritent les quatre espèces de pangolins du continent, qui sont toutes classées comme espèces en danger ou vulnérables. "Le pangolin est sur le point de disparaître de notre planète, mais il est encore temps d’agir, si nous voulons le sauver de cette mort silencieuse", a clamé Mark Hofberg, responsable des campagnes du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

L’un des problèmes relevés concernant le mammifère, est qu’on prête des pouvoirs de guérison miraculeux à ses écailles et que sa chair est un symbole d’un statut social élevé. En effet, selon une certaine la médecine traditionnelle, la chair du pangolin soulagerait les rhumatismes, son sang favoriserait la circulation sanguine, sa bile soignerait la vue et ses écailles auraient un effet thérapeutique. Pour d’autres, les écailles font fuir de la maison les mauvais esprits et attire des bons génies. D’où l’énorme intérêt porté sur ce mammifère un peu partout sur la planète.
Malgré l’interdiction du commerce des pangolins par le droit international, leur trafic continue et les espèces africaines rejoignent le marché de la contrebande. En dépit des efforts investis au niveau international pour renforcer la protection des pangolins, les dernières études d’IFAW montrent que le volume et le nombre de saisies de pangolin ont augmenté dans le monde entier.
L’Afrique en première ligne ?
Le trafic autrefois centré en Asie est à présent intense en Afrique. D’après une étude de la « Société pour la biologie de la conservation », depuis 2017, entre 400.000 et 2.700.000 pangolins sont chassés chaque année dans les forêts de l’Afrique Centrale.
Aussi, le Kenya est une plaque tournante du trafic continental du pangolin. Il y a aussi des espèces provenant du Cameroun, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Sénégal. En juillet 2017, une saisie de trois tonnes d’écailles de pangolin a été réalisée en Côte- d’Ivoire et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, notamment de la Guinée Conakry et du Liberia. D’après le Réseau « EAGLE-Côte d’Ivoire », c’est plus de 4000 pangolins qui ont été tués pour pouvoir réunir les 3000 kilogrammes d’écailles.
Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, "si depuis une dizaine d’années l'Asie a cessé d’être la principale source d'approvisionnement du pangolin, en raison du déclin de ses effectifs, l'Afrique et principalement le Nigeria, le Cameroun, l’Ouganda, la Guinée et le Liberia en sont devenus les premiers fournisseurs", détrônant désormais l’Indonésie et la Malaisie.
Selon l'Agence des Etats-Unis pour le développement international, entre 650 000 et 8,5 millions de pangolins ont été arrachés à leur environnement, entre 2009 et 2020 dans toute l'Afrique de l'Ouest.
L’importante demande asiatique
La viande du pangolin est très recherchée en Asie, à cause de ses propriétés curatives et magiques. La Chine et le Vietnam sont très demandeurs d’écailles de pangolins, car elles sont réputées agir sur l'arthrite, les ulcères, les tumeurs et les douleurs menstruelles – des vertus jamais établies scientifiquement. Bien qu’en 2020, Pékin ait interdit le commerce et la consommation d'animaux sauvages et retiré les ingrédients issus du pangolin de la liste officielle de sa pharmacopée, la douane Chinoise a encore saisi deux tonnes d'écailles en juillet 2022.
La demande transnationale de produits dérivés du pangolin est à l’origine de la poursuite du braconnage et du commerce illicite de l’animal. Malgré les efforts investis au niveau international pour renforcer la protection des pangolins, les dernières études d’IFAW montrent que le volume et le nombre de saisies de pangolin ont augmenté dans le monde entier.
La porosité des frontières, la mauvaise application de la loi et la corruption du côté de l’offre favorisent cette criminalité croissante en Afrique centrale.
De la nécessité de protéger le pangolin
Le mammifère sur la planète en général, figure parmi les espèces en danger critique d’extinction. Pourtant, le pangolin joue un rôle important dans la biodiversité et est un élément essentiel de la chaîne alimentaire tout en contribuant à l’équilibre de l’écosystème.
Au début de l’année 2017, le pangolin s’est vu offrir, par une disposition internationale, la protection la plus élevée de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Il était interdit d’acheter, de transporter ou de vendre cet animal sauf autorisation. Cependant, alors que le texte a été conçu dans un esprit de coopération internationale, le pangolin continue d’être victime d’un trafic international illégal, partout dans le monde.
Au Togo, l’article 761 du nouveau code pénal dans son volet environnement, sanctionne toute personne qui détruit ou fait le commerce direct ou indirect, sans droit d’espèces animales ou végétales, à une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinq millions de francs CFA, sans préjudice de toute autre disposition au code.