COP15 : une entente "historique" pour freiner le déclin rapide de la biodiversité

Réunis à Montréal, au Canada pour la COP15 des Nations Unies pour la biodiversité, plus de 190 pays ont accepté in extremis et par consensus de protéger un tiers de la planète d’ici à 2030. Pour nombre de délégations, la date du 19 décembre 2022 marque un accord historique. Toutefois, des Etats africains se sont dits déçus.

Decembre 20, 2022 - 08:32
Decembre 23, 2022 - 08:44
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COP15 : une entente "historique" pour freiner le déclin rapide de la biodiversité
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L’accord adopté à Montréal, porte sur 23 objectifs, dont le fameux 3030 qui signifie maintenir, restaurer des écosystèmes et arrêter l’extinction de certaines espèces, réduire de moitié le gaspillage alimentaire, protéger 30% des terres, mers et littoraux dégradés autour du monde. Jusque-là, seulement 17% des terres sont protégées, les mers aussi seulement 8%.

Les délégués se sont également engagés à veiller à ce que les avantages des ressources de la nature, telles que les médicaments issus des plantes, soient répartis de manière égale et équitable, et que les droits des peuples autochtones soient protégés.

La conférence s’est aussi engagée, dans l’accord, à réduire le risque lié à l’utilisation des pesticides et des produits chimiques dangereux, et également réduire l’usage du plastique.

Des pays africains mécontents

Tous les pays, sauf la République démocratique du Congo (RDC) sont parvenus à se mettre d’accord pour établir la feuille de route qui vise à protéger plus d’espaces naturels et enclencher les transformations agricoles et économiques nécessaires pour moins dégrader la nature, d’ici 2030. Le délégué de Kinshasa a estimé qu’il va « coûter très cher » à son pays de protéger ses forêts tropicales dont la bonne santé est décisive pour la conservation des espèces, mais aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique, à l’échelle planétaire. En échange, la RDC voulait que les pays riches mettent plus d’argent sur la table, et acceptent la création d’un « fonds spécifique pour la biodiversité ». Mais en vain.

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Le Cameroun et l’Ouganda ont également exprimé de fortes critiques, mais ont fini par accepter l’accord. Comme la RDC n’a pas formulé d’objections juridiques formelles, la présidence de la COP15 dirigée par la Chine a donc choisi d’adopter le texte, malgré les griefs congolais.

La question financière

La question de financement a été un des principaux points d’achoppement à la COP15. Les pays du Sud réclamaient l’aide des pays développés à ce sujet. Ils voulaient en fait, la création d’un "Fonds spécial" pour la préservation de la biodiversité, ce que des pays comme le Canada et l’Union européenne ont refusé, souhaitant que les pays se servent du Fonds mondial pour l’environnement (FME) qui existait déjà. Et la Chine qui présidait la conférence a dû trouver un compromis qui satisfasse finalement toutes les délégations. « Le Fonds mondial pour l’environnement contiendra un volet spécial pour la biodiversité, dans lequel les Etats, les entreprises, le secteur privé et bien d’autres partenaires pourraient apporter du financement ».

Des sources proches de la conférence ont évoqué des financements allant jusqu’à 25 milliards de dollars par an, jusqu’en 2025 de la part des pays développés vers ceux du Sud. Et entre 2025 et 2030 le montant s’élèverait à 30 milliards par an.

La route fut longue et jusqu’au bout l’issue des négociations aura paru suspendue à la question critique des moyens financiers. Il faudra attendre désormais comment les 196 pays présents à Montréal, vont appliquer cette entente et comment les programmes vont se développer au cours des prochaines années.

 

Jacques Sourou DOUTI Journaliste, Consultant en communication pour le développement | Directeur de publication de Nzaranews