Changement climatique : seul coupable des risques de famine dans les pays du Sud ?

L’irrégularité des pluies et la sècheresse accrue dans certains pays du Sud causés par le réchauffement climatique conduisent à d’énormes difficultés dans le secteur agricole, mettant en danger la sécurité alimentaire des populations. Mais faut-il adosser cette responsabilité uniquement aux effets du changement climatique ?

Decembre 7, 2021 - 10:26
Decembre 7, 2021 - 10:54
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Changement climatique : seul coupable des risques de famine dans les pays du Sud ?
Famine au Sud du Madagascar (copyright au propriétaire)

En prenant l’exemple du Madagascar, la grande crise alimentaire qui frappe actuellement le Sud de l’île est considérée par les autorités malgaches et l’Organisation des Nations unies (ONU) comme "première famines due au réchauffement climatique".

 Cette affirmation a été reprise par les autorités malgaches en novembre dernier à la COP 26 à Glasgow

"Mes compatriotes endurent le tribut d’une crise climatique à laquelle ils n’ont pas participé", s’est exprimé le président Andry Rajoelina.

 

En effet, depuis quelques mois, plus de 1,14 million de Malgaches sont en situation d’insécurité alimentaire (chiffres donnés par l’ONU). Toutes les observations montrent qu’elle est la plus dramatique depuis au moins dix ans dans cette région chroniquement frappée par la faim.

 

A contrario, selon une étude scientifique du collectif de recherche World Weather Attribution (WWA), publiée ce 02 décembre, la crise alimentaire que connaît actuellement le grand Sud du Madagascar n’est pas directement imputable aux effets du changement climatique.

 

WWA est un réseau des scientifiques spécialisés dans l’analyse des événements climatiques extrêmes pour en déterminer les causes. Selon son dernier rapport, ces experts reconnaissent les effets négatifs de la hausse des températures mondiales sur le volume des pluies, ils estiment toutefois que la sécheresse qui frappe cette partie du pays reste dans l’ordre des conditions naturelles attendues.

 

Selon ce groupe de chercheurs, c’est plutôt du côté de la pauvreté, des mauvaises infrastructures et d’une agriculture dépendante à la pluviométrie qu’il faut chercher les raisons de la famine qui sévit en ce moment au Sud du Madagascar.

 

Se prononçant sur ce nouveau rapport, la ministre malgache de l’Environnement, Baomiavotse Vahinala Raharinirina, tente de tirer d’affaire l’Etat.

"L’Etat malagasy n’a jamais dit que tout était la faute des gros pays pollueurs, ce que l’on dit c’est qu’il y a beaucoup de facteurs aggravants qui font que la situation se détériore. C’est pour cela qu’on fait appel à cette responsabilité partagée [entre pays du nord et pays du sud], mais différenciée."

 

Ceci dit, le Madagascar ainsi que les pays africains doivent adopter des stratégies adéquates pour assurer la sécurité alimentaire de leurs populations. Comme stratégie, il faudra rendre l’agriculture indépendante de la pluviométrie par l’installation des forages, des bassins de retention d’eau, la promotion du maraîchage de même que la mise en place des infrastructures adéquats et des politiques socio-économiques pour réduire la pauvreté au sein de leurs populations.   

Elom SOGBALI Linguistique, journaliste et animatrice